Tout vient à point pour qui sait (ou doit) attendre… Il y a un peu plus d’un an, avant toutes les péripéties qui n’ont cessé de nous affecter, j’avais acheté à la mercerie du Fil amant un superbe lainage de fabrication française, fond de rouleau assez généreux d’un peu plus de trois mètres, dans la perspective d’en faire un manteau. Quelques vestes m’avaient mis en appétit mais je dois dire que la cape pour homme a été un bon exercice préalable au manteau. J’avais vu des réalisations superbes de manteau par une élève du cours, Christine (qui nous nous a déjà inspirées à de nombreuses reprises). C’est un manteau Burda style, de septembre 2012, qui a été décliné en deux variantes, manteau et veste avec col.
J’avais emprunté la revue et copié le patron quand, en feuilletant mes revues, je suis tombée sous l’emprise d’un autre modèle, issu de la revue Burda Style de décembre 2019, modèle 116. Il n’y a malheureusement qu’une photo et qui ne rend pas vraiment justice au modèle. Mais je suis tombée sous le charme de son dessin technique..
Le dessin technique est en effet beaucoup plus édifiant. C’est un manteau raglan doté d’un col, avec découpes et pinces sur la partie corsage, et huit panneaux pour la partie jupe. Il se boutonne sur le côté. Il comprend 12 pièces pour le manteau et 11 pièces de doublure. Pour la taille 38, il nécessite 3,25 m de tissu et 2,35 m de doublure. Mon lainage faisait pile la bonne dimension. Le nombre de pièces justifie la « technicité » du modèle qui, pour le reste n’est pas difficile à réaliser. D’ailleurs sur le site de Burdastyle où il est téléchargeable, il est donné pour difficulté 2 au lieu de 3 dans la revue.
Pour bien garder le droit fil, les pièces du manteau ont été coupées une par une. Sur chaque pièce j’ai mis un repère avec un fil de couleur avec un nœud sur l’endroit pour distinguer l’endroit de l’envers du tissu. Au stade de la coupe des parementures, catastrophe, il ne restait pas assez de tissu… Bon ça me rappelle quelque chose!! Dans les étagères de coupons de Marie, j’ai trouvé un lainage gris avec des lignes rouge et jaune qui se mariait bien avec le tissu du manteau. Pour la doublure, Marie m’a sorti un rouleau de doublure satinée bien lourde, d’un rouge profond à tomber… La cause était entendue!!
Avant de m’attaquer au montage, j’ai surjeté toutes les pièces et reconstitué les paires, ce qui a pris pas mal de temps. Certaines pièces sont assez semblables surtout pour la partie jupe. J’ai gardé le patron épinglé sur toutes les pièces pour m’y retrouver. J’ai bâti la partie corsage qui n’a pas nécessité de retouches, si ce n’est la ligne de taille qui est un peu haute. J’ai rogné 0,5 cm sur les marges de couture, mais si je devais le refaire, je l’allongerai un peu plus. J’ai gardé toute la longueur du manteau parce que j’adore les manteaux longs, avec un ajout de 4 cm pour l’ourlet. Le bâti de la partie jupe ne soulevant aucun problème, j’ai cousu dans la foulée toutes les pièces du manteau.
Les poches ont été montées mais je dois dire que je n’en raffole pas trop. Je préfère les poches zippées pour éviter de perdre ce qui s’y trouve. Leur dimension était assez petite. Elles ont été agrandies et élargies. Et leur positionnement est un peu bas par rapport à la taille de mes bras. Mais ça je ne l’ai vu que sur la fin. Donc poches déco où je n’y mettrai pas grand chose.
Même la partie col s’est révélée simple. Je n’ai pas suivi les instructions burdalaises (comme d’hab), j’aime bien la technique de Marie qui consiste d’abord à fermer les deux pièces du col puis à assembler une pièce sur l’encolure. Les parementures viennent se fixer ensuite sur l’autre pièce du col. Les deux pièces du col sont ensuite fermées au niveau de l’encolure à la main par en dessous. Bon j’avais quand même un peu merdouillé un côté, Marie a défait et a réépinglé correctement pour une petite couture à la main, ni vu ni connu..
La doublure n’est que la répétition du manteau, la coupe a été plus rapide, pièces en double cette fois, le surjet tout aussi long… La partie jupe comprend une parementure à même sur le manteau.
Je vous montre toute l’ampleur de la partie jupe, endroit et envers pour qu’on voit bien le beau surjet.. Ben oui même la doublure est surjetée on reste cartésienne quand même, personne ne le verra mais moi je sais… c’est beau non?
J’ai cousu à la machine la doublure de la jupe sur la parementure et je l’ai fixée à la main sur la couture de taille du manteau, à cause du poids. Pour ce qui est de la partie corsage, au lieu d’un pli creux (d’aisance) de 4 cm prévu par Burda, l’embu a été réparti sur toute l’encolure et la taille. Enfin la doublure des manches s’est faite également sans encombre..
Restaient les finitions: le choix des boutons, les boutonnières et pour finir les ourlets. C’est là que tout s’est un peu compliqué… Fallait bien quand même, sinon un plan sans encombre c’est pas vraiment fun!!!
Le choix des boutons a été cornélien!! J’ai passé un temps fou à fouiller et farfouiller dans les tiroirs et sachets de Marie. Ce que j’adore chez Marie, c’est que tous ses boutons sont des boutons anciens. L’inconvénient c’est que souvent il n’y a pas le compte de ceux qui nous ont tapé dans l’œil. Et là, il fallait pas mal de boutons, deux sur le col, 4 sur la partie corsage, avec deux pressions sur le haut de la partie jupe mais j’y voyais bien 2 boutons supplémentaires en déco. Donc il fallait 7 à 8 boutons identiques. J’ai même envisagé à un moment de dépareiller tous les boutons. Au final, et parce que j’étais toujours indécise, j’ai acheté 3 séries de boutons, des boutons dorés de taille moyenne mais pas trop clinquants, des gros boutons rouges dénichés par Monsieur et une série de boutons dépareillés dans les tons de mauve étalés habilement par Marie. J’ai fait un sondage et les gros boutons rouge ont gagné haut la main.. 4 cm de large les boutons, vous voyez où je veux en venir???
J’aurais pu jouer la facilité, mettre des pressions et coudre les boutons en déco. Oui mais je trouve que ce n’est pas très pratique, j’ai toujours peur que les boutons pressions se décousent, et de surcroît j’avais fait un test de boutonnière sur l’endroit et sur l’envers des tissus et ça fonctionnait assez bien. Alors oui, oui je sais les boutonnières test marchent toujours du premier coup c’est après que ça se complique. Je n’ai pas dérogé à la règle. Les machines à coudre prévoient la possibilité de faire des boutonnières très longues mais en se passant du pied spécial et par voie de conséquence de la plaque stabilisatrice. La machine du cours a buté sur les marges de couture et a refusé de faire les boutonnières jusqu’au bout. La mienne y a consenti mais elles ne sont pas vraiment très droites. J’ai fait et défait un bon nombre de boutonnières. Le résultat final est passable mais les défauts invisibles sur l’endroit et l’essentiel est qu’elles sont de la bonne dimension, ouf… Pour fermer le manteau il y a une pression à l’intérieur au niveau de la ligne de taille pour maintenir le rabat en place et les deux premiers boutons sur la jupe (ainsi que sur le col) sont purement décoratifs.
L’ourlet du manteau a lui aussi posé problème. Grâce à l’arrondisseur d’ourlet, j’ai recoupé les parties devant qui étaient plus longues (manteau et doublure). Marie avait vu ce décalage lors d’un essayage. La difficulté est qu’une partie de la doublure jupe est à même. Il faut donc fermer au préalable cette partie sur l’envers et ensuite coudre à la main le reste de l’ourlet sur le manteau, au point de chausson. Une fois recoupés et cousus, j’avais un décalage de 1 cm entre les deux panneaux devant…. Quand on n’a pas un compas dans l’œil! J’ai aussi dû relâcher d’un centimètre les ourlets des manches, pourtant je n’ai jamais eu le bras long… Au final très peu de changement sur ce patron mis à part la ligne de taille et les ourlets.
Je suis très fière de ce manteau. J’adore les tissus même si Monsieur a trouvé que le lainage pour la parementure était moche… Et cette doublure flamboyante!! Même s’il s’est fait attendre, ce manteau vient à point nommé puisque nous subissons quelques jours de froid piquant, sachant par ailleurs que le dicton « En mai fait ce qu’il te plait » ne s’applique en Alsace!!
La séance shooting s’est faite devant le Fil amant dont on peut voir les belles machines anciennes ainsi que des pièces de brocante de la boutique de son mari, le Fil à plomb..
Je vous souhaite un très bon dimanche et le retour du printemps même si j’ai encore envie de porter ce joli manteau…
Nathalie
Merci Nathalie pour cette réponse constructive: ton « ça fout la frousse » m’a permis de réfléchir à ce qui me freinait dans le but de coudre une veste. Puisque ce n’est pas la peur de l’échec, Tour de France et Jeux olympiques aidant, j’ai trouvé où était mon blocage : la peur de réussir.
(Après l’exaltation de l’ascension vers le podium et dès la réussite, on risque d’être surpassé par quelqu’un d’autre et de devoir recommencer les efforts pour réussir à nouveau. Pareil en couture, avec toujours sur le podium une autre pièce, toujours plus technique.)
STOP! on savoure sa réussite, on prend des photos et on apprécie cette paix. Ca prend du temps de dégommer les anciens ressorts de compétition (scolaires puis professionnels) mais ça vient…Je m’entraîne sur une veste en polaire pour dompter les épaisseurs.
Merci les serialpiqueuses d’alimenter ce blog, c’est toujours aussi vivifiant de vous lire.
Je ne suis pas allée sur ton blog depuis longtemps et je découvre tes dernières publications. Ce manteau est vraiment très beau, le lainage est magnifique et la coupe vraiment sympa. Les manteaux, c’est un énorme travail mais avec une belle satisfaction à la clé!
Merci beaucoup Florence!! J’espère qu’on te reverra alors plus souvent….
Oh merci beaucoup pour ce commentaire très touchant.. le savoir faire s’apprend tous les jours et on fait sans cesse des erreurs qui nous permettent d’avancer..Oui je suis bien d’accord sur l’importance et le côté gratifiant du partage, et c’est vrai que pas mal de blogs nous inspirent et nous motivent. Les compétences aussi s’acquièrent, il suffit de sortir de sa zone de confort et de tenter de nouvelles techniques même si parfois ça fout un peu la frousse.. Mais c’est en ratant qu’on apprend!!! J’espère que tu te lanceras dans ce projet de veste, et si elle est kaki alors elle sera top!!!
Bravo Nathalie, beaucoup de savoir-faire dans ce manteau, c’est magnifique. Douillet par le tissu, confortable grâce au raglan, féminin par le bas « redingote » et unique grâce aux boutons. Il m’évoque le modèle Hemisphéric de Pauline Alice ou celui de style Dior réalisé par agathecouture.wordpress.com.
Merci surtout pour le partage, votre blog m’encourage énormément, merci aussi à Fanfreluche: la description de vos difficultés et déceptions m’incite à surmonter les miennes. Merci Nathalie pour les photos des vestes que tu as réalisées, grâce à notre goût commun pour la couleur kaki, j’ai pour projet une veste mais pas encore les compétences…ça vient.
Vous êtes très dynamisantes, merci à toutes les deux et à celles qui vous inspirent car par ricochet d’autres sont inspirées.
Ton manteau est magnifique. J’aime l’ampleur de la jupe et le boutonnage décalé, cela lui donne toute son originalité. Je ne surfile jamais les doublures afin que de ne pas avoir de surépaisseur au niveau des coutures.
Une très belle réalisation. Bravo
Merci beaucoup!! Je suis une accro du surjet.. Rien que l’idée que le tissu s’effiloche même à l’envers me donne des frissons.. Là c’était très gérable en terme d’épaisseur, alors pourquoi se priver d’un petit bonheur?!!
Quel travail superbe, et le résultat, j’aime beaucoup! J’ai tellement procrastiné sur le mien qu’il n’est toujours pas décalqué… Parfois, un projet doit mûrir. En tout cas, tous tes efforts et ton application paient, tu vas garder ce manteau longtemps!
Merciiii!!!! Je pense aussi que c’est une pièce que je vais garder longtemps. En plus il est douillet et bien chaud!! Oui dès fois c’est mieux de laisser mijoter un peu les projets, de les laisser prendre forme dans sa tête et ensuite de se lancer.. J’espère que tu auras enfin le courage de décalquer ton patron de manteau. Je reconnais que je n’aime pas beaucoup cette étape mais on ne peut pas s’en passer malheureusement.
J’ai acheté aussi ce magazine Burda, juste pour ce manteau ! 😉
Ta version est magnifique et il te va parfaitement !
Point météo en Suède, en ce moment même, … il neige ! Nous ne sommes pas près de sortir les petites robes… ;(
Merci beaucoup Céline!!! Ma pauvre!!! Si le temps se maintient en Suède c’est l’occasion alors de coudre ce manteau!!! J’espère quand même que le printemps pointera rapidement le bout de son nez…
Merci beaucoup!!!
Wouah quel travail, il est magnifique, bravo !
Il est superbe ! bravo.
Quand je pense qu’il ne me reste que les finitions sur le mien… et que ça traîne depuis un mois…
Merciiiiiii… Les finitions ne sont pas toujours simples je le reconnais, et parfois même rebutantes. Allez un petit effort, tu as déjà fait de jolis manteaux..
Eh bien, ça valait la peine d’attendre ! Bravo pour cette belle réalisation. Ce genre de projet ambitieux m’impressionne toujours beaucoup. Alors quand on pense que tu as successivement cousu la belle cape à Monsieur et maintenant ce chouette manteau, je trouve que cela mérite toute notre admiration. Quand je vois toutes les pièces qu’il a fallu assembler une fois, puis une deuxième pour la doublure, je trouve que tu as une patience angélique. Tout ça pour dire que ce manteau réunit tous les critères que j’aime: superbes tissus, belles finitions, boutons vintage et en plus il te met joliment en valeur. Franchement, je trouve que Marie nous a fait évoluer dans le bon sens, n’est-ce-pas?
Oh merci pour ces belles louanges.. Je vais avoir les chevilles qui gonflent si ça continue!!! Mais c’est vrai que je suis très fière de ces pièces et peut-être plus de la cape puisque là même le patron a été réalisé, avec l’aide de Marie bien sûr… Les explications de patronage n’étaient pas toujours très faciles à décrypter..
Oui on change et on évolue dans nos goûts. Marie nous aide très certainement à sortir de nos zones de confort en nous frottant à de nouvelles techniques. Tout a l’air plus facile avec les bonnes explications et petits schémas gribouillés…
Il est trop beau, c’est la grande classe !!!
Merci merci….. Je vais rougir comme mon manteau!!
Quelle belle pièce ! Le tissu est très beau et le modèle vraiment classe. Heureusement que tu n’as pas eu que les explications burdesques pour venir à bout de ce gros travail ! C’est l’avantage des cours de couture qui permettent de venir à bout d’un projet si conséquent. Bravo et merci pour le partage.
Merci beaucoup Anne-Marie!!! Les cours sont super pour apprendre à maîtriser la technique et c’est l’occasion de tellement de partages. On a une super ambiance et c’est un réel bonheur. Ce sont mes seules sorties depuis pas mal de temps et je les apprécie d’autant plus..
Tu as bien fait de changer de modèle, j’ai l’impression que ton premier choix aurait fait un peu sac à patates.
Et bravo, avec toutes ces pièces, tu as été motivée et super patiente. Et avec les ajustements, le résultat est super chouette.
Merci beaucoup Nabel!!! Le premier modèle me tente quand même beaucoup. Je pense que je vais le réaliser plus tard, à l’automne. Les réalisations que j’ai vu sont vraiment très sympas. L’avantage est qu’il nécessite moins de métrage et ça me permettra de liquider un peu le stock..
Waouh ! Déjà la difficulté du décalquage, avec toutes ces pièces ! Ensuite, le montage, la doublure, les boutonnières … Je ne suis qu’admiration et adoration ! Il est superbe ce manteau !
Merci beaucoup Ysa!! Heureusement que j’ai changé de lunettes récemment parce que le décalquage était effectivement long. Heureusement que Burda met des chiffres sur les patrons pour indiquer quelles pièces s’ajustent avec quelles autres pièces, sinon je n’y serai pas arrivée. Les explications sont assez laconiques voire sibyllines mais ces codes de montage sont très utiles. Une fois qu’on a compris ce système, ça va presque tout seul. Oui j’ai vraiment galéré sur les boutonnières mais le résultat est acceptable! Et j’adore cette belle doublure et les jolis gros boutons…
Magnifique tissu et très joli manteau parfaitement réussi J’aime beaucoup la partie jupe avec tous ces panneaux, ce qui lui donne un très beau tombé. Il est dans ma liste pour l’hiver prochain, je suis accro aux manches raglan tellement confortables avec un gros pull dessous! Monsieur a bon goût pour les boutons…
Merci beaucoup Jalyla. J’espère que tu nous montreras ta réalisation. Est-ce que tu as un site ou un blog?
On est bien d’accord sur les manches raglan. C’est top au niveau confort!! La jolie doublure bien lourde rend vraiment bien chaud ce manteau. ce qui est un plus.. Je transmets à Monsieur pour les boutons!!!
Wow ! Quel projet ! Ce modèle m’avait aussi tapé dans l’œil même si ce n’est pas tout à fait mon style. Il est absolument superbe. Bravo !
Merci merci Solène!! A priori ce n’était pas trop mon style non plus, je ne suis pas fan des tailles « marquées » mais le rendu est vraiment pas mal.. Il a un côté rétro que j’aime beaucoup..
Très beau manteau ! Je salue la patience pour découper, surjeter, assembler avec soin toutes ces pièces. Le tissu est sympa. C’est une réussite. Bravo.
Pareil, je me fie davantage désormais au dessin technique des patrons. Souvent naissent de ces croquis des idées d’adaptation du modèle à nos goûts ou notre niveau de savoir faire.
Bonne fin de weekend
Merci beaucoup Armelle. Le plus long était effectivement tout le travail de préparation et de découpe mais l’assemblage a été étonnamment rapide.. Je ne vais pas m’en plaindre!!! Les dessins techniques sont beaucoup plus parlant effectivement sinon on risque de se focaliser sur un tissu donné et pas vraiment sur le modèle. Là j’avoue que la photo du manteau porté ne m’avait pas du tout inspiré.. Comme quoi on risque de passer à coté de perles à cause d’une simple photo..
Bon week-end à toi aussi et en plus il va faire beau du moins chez nous.