Castelbajac : une robe de poche(s)

par | Mar 27, 2023 | couture, Couture des poupettes, Robes | 18 commentaires

C’est en feuilletant les vieilles revues Burda que je suis tombée sur cette jolie petite robe, dessinée par Jean-Charles de Castelbajac. Ce n’est pas souvent qu’il y a des modèles de styliste dans les patrons de couture et je trouve l’initiative très chouette !! Marie avait déjà réalisé cette robe au moment de la parution de revue. Elle m’a confirmé qu’elle était très agréable à porter, qu’elle taillait vraiment grand et que oui, le montage des poches était une vraie galère. Moi qui ne suis pas très « poche », j’ai craqué pour ce modèle…

Un patron bien « chiadé »

Cette robe a tout pour me plaire : des manches raglan, de forme droite sans cintrage. Son originalité tient aux grandes poches avec revers, qui viennent s’imbriquer entre les pièces dos et devant, ainsi qu’un grand col surpiqué, un peu comme sur mon manteau (voir ici), les surpiqûres étant perpendiculaires au col cette fois.

# Burda style de décembre 2014, modèle 136, Robe Castelbajac

A y regarder de plus près, les poches sont vraiment techniques. Elles viennent en incrustation sur les côtés de la robe mais il s’agit en fait d’une poche dans une poche. Les rabats sont purement décoratifs. La poche dans laquelle on peut glisser sa main est au final toute petite, par rapport à l’« enveloppe » de la poche. Elle est au milieu de la grande poche, sur le côté de la robe. Le schéma technique en montre les ouvertures. Le patron est dans la revue Burda style de décembre 2014, modèle 136, ou sur le site de la revue. Burda a eu la bonne idée de garder le patron en téléchargement (ici).

Compte tenu des pièces imbriquées, c’est un modèle qu’il est difficile de retoucher. Après c’est un modèle assez large qui ne nécessite pas vraiment de retouche, à condition de pouvoir y rentrer ses lolos! Au vu de l’expérience de Marie, j’ai décalqué le patron en taille 34 et rajouté une dizaine de centimètres sur la longueur. Le modèle est vraiment très court. J’ai aussi rallongé les manches pour en faire un trois quart (ich !)

Les bourdes sur le tissu

Du lainage est préconisé pour ce modèle. Il faut pouvoir gérer les arrondis donc les tissus trop raides sont à éviter. Marie avait dans sa boutique du jersey de laine et coton, avec des motifs de chevrons (en bleu, orange et gris). Christine avait cousu un ensemble avec le chevron orange et m’avait refilé une chute assez conséquente. J’ai acheté le fond du rouleau. Il devait juste en avoir assez pour cette robe. Christine avait également décidé de coudre cette robe dans le chevron bleu. On était parti sur un duo assez fun..

Mais c’était sans compter sur ma grosse bourde : jersey de laine et de coton.. J’ai fait l’impasse sur le mot « laine » pour ne retenir que « jersey de coton ». Vous devinez la suite, ben oui je l’ai mis en machine, certes programme délicat… Quand j’ai sorti mes tissus, je me suis rendu compte qu’il y a avait une différence manifeste entre mon coupon et la chute de Christine, y compris de couleur. La sienne était douce et soyeuse, la mienne rêche et les chevrons avaient une drôle d’allure.

Bon tissu flingué, fallait passer à autre chose. J’ai farfouillé dans le stock et j’en ai extirpé un bon morceau de maille milano kaki, assez lourd dans lequel j’avais fait une jupe, elle aussi bien « chiadée » (ici). Ce tissu a été acheté il y a une éternité à la « caverne alsacienne ». Au bout du compte je ne regrette pas (trop), cela m’a permis de taper dans le stock, et question entretien c’est plus simple. Ça évite le recours au pressing!! Etant quand même un peu juste en tissu (vu les rajouts dans les manches et la longueur), j’ai utilisé une chute de jersey fleuri pour faire l’envers des rabats et les « fonds de poche ».

Les difficultés du montage : le col et les poches

Hormis ces deux éléments, le reste du montage va tout seul. J’ai utilisé pour la première fois du fil Maraflex, qui est un fil élastique adapté à la couture du jersey et du molleton. Il permet de faire des points droits, avec un point un peu plus allongé et une tension légèrement diminuée. Sur ce modèle c’était un vrai bonheur de ne pas utiliser de point légèrement zigzag, horrible à défaire de surcroît.

Bon pour les poches, je ne suis pas sûre de pouvoir refaire l’opération sans me gourer. Il est impératif de bien retracer les repères de montage sur les différentes pièces, sinon on ne s’en sort pas. J’ai fait quelques photos mais pas de tout le processus. Mais entre-temps, j’ai trouvé sur la toile un article qui décrit le montage des poches, photo par photo. C’est bien utile pour ce modèle et je me le garde précieusement pour une éventuelle prochaine version (voir ici). Chaque poche se construit autour de plusieurs pièces (les côtés dos et côté devant qui constituent la grande poche en kaki, un fond de pli en kaki, les fonds de poche fleuri et les rabat (kaki et fleuri) qu’on ne voit pas sur ces photos. La taille réelle de la poche est celle du fond de poche. C’est toute la magie ou l’ironie de ce modèle. On s’enquiquine à coudre un grand nombre de grandes pièces pour au final une toute petite poche!!

Sur l’endroit on ne voit aucune couture ni le fond de poche qui est caché par le fond de pli. Je n’ai surjeté aucune pièce, mes tissus ne s’effilochant pas. J’aurais pu néanmoins le faire pour que ce soit plus « propre ». La robe est prévue doublée, ce que j’avais loupé. Cela permet au moins de cacher tout cet assemblage. J’ai juste surjeté le bord des ourlets de la robe et des manches.

Une fois le puzzle des poches constitué on se dit qu’on est enfin sorti d’affaire. Ben non parce que la couture de la poche avec son rabat en incrustation sur la robe n’est vraiment pas une partie de plaisir!! Là j’ai béni mon milano dont l’élasticité m’a un peu facilité la tâche. J’ai dû m’y reprendre à feux fois sur une des poches, j’avais probablement tiré un peu trop sur le tissu et cela faisait un pli disgracieux sur le bas de la robe. Le montage des poches est quand même bluffant mais faut pas regarder de trop près, il y a des endroits où j’ai piqué un peu trop loin, au niveau du rabat, et j’ai eu peur ensuite de défaire et de risquer de perdre ma couture.

La couture des poches a nécessité pas mal d’heures de travail. Ensuite, à la vitesse de l’éclair j’ai monté les manches qui comprennent une pince d’épaule, sans même bâtir (même pas peur!!). Et puis j’ai essayé la robe quand même pour être sûre que tout irait bien… Ouf pas de mauvaise surprise!!

Le montage du col est nettement plus facile mais prend du temps. Il a été entoilé avec un thermocollant légèrement gonflant (vlieseline H640). Il faut d’abord fixer le col sur la robe et ensuite le surpiquer. J’ai marqué les lignes de surpiqûres avec un fil de bâti hydrosoluble et j’ai ensuite fait toutes les surpiqûres. A la fin, cela fait beaucoup de fils à sécuriser et à rentrer et ça prend pas mal de temps.

La longueur définitive de la robe a été faite à l’arrondisseur. Au final, j’ai recoupé pas mal sur mon ajout initial de 10 cm. J’ai ensuite fait un ourlet à 4 cm.

Sur le stand de Marie au salon Modes et tissus de Sainte-Marie-aux-mines, nous avons quand même réussi à nous faire prendre en photo toutes les trois avec nos robes Castelbajac, chacune avec un tissu et un coloris différents.. Oui je sais Fanfreluche, on aurait dû enlever nos badges!!

Cette robe est encore bien adaptée aux frimas de cette fin de mars. De prochaines versions sont prévues autant du côté de Christine que du mien. Et je crois savoir que Fanfreluche y songe aussi sérieusement!!

Très bonne soirée

Nathalie

18 Commentaires

  1. Cyqlaf

    Waouh, j’avais raté cette robe à poche ! Elle est bien réussie !

    Réponse
    • Nathalie

      merciiii!! poches prise de tête mais résultat hyper confortable!

      Réponse
  2. happy family

    Très originale cette robe, elle te va bien ! Vous formez un joli trio !
    Je viens aussi de découvrir le fil élastique pour les tissus maille et je suis conquise. Pour ma part, j’ai acheté le seraflex, c’est le même fil mais de la marque Mettler.

    Réponse
    • Nathalie

      Merci beaucoup Céline!! Je vais tester ton fils seraflex et en parler à ma « mercière » préférée.. C’est vrai que ce type de fil pour des découpes c’est vraiment top.

      Réponse
  3. Nabel

    Elle est vraiment chouette cette robe mais quel boulot ! Elle se mérite.
    ET vous étiez toutes belles avec vos robes sur le salon !

    Réponse
    • Nathalie

      Merci beaucoup Nabel!! Moi qui ne suis pas une inconditionnelle des poches j’ai été servie sur ce modèle!!! Je dois avouer qu’on a fait sensation à Ste Marie où pas mal de clientes ont remarqué notre « uniforme »!!
      Le prochain « uniforme » est en cours…

      Réponse
  4. Aurelie

    Très joli comme d’habitude.

    Réponse
    • Nathalie

      Merciiii Aurélie

      Réponse
  5. Fanfreluche

    Aïe aïe mais oui les badges ! Pas grave. Vous êtes très belles toutes les trois. J’hésite à me lancer. Faudrait que je fasse ça en… rouge ? Ou rose, violet ? En tout cas, ta robe est parfaite, avec ses revers doublés en couleur. L’encolure aussi est très jolie. Elle donne un côté résolument vintage.

    Réponse
    • Nathalie

      Toutes les couleurs fonctionneront Fanfreluche!!! Voire un imprimé, pourquoi pas?!!

      Réponse
  6. Miio

    Belle brochette de Castelbajac ! Très chouette modèle, je le note pour y penser un jour.

    Réponse
    • Nathalie

      Merci beaucoup Miio!!!! Les autres versions ont été faites en jersey de laine (et coton!) et laine bouillie.

      Réponse
  7. Anaey

    Très jolie réalisation. Quel dommage pour le premier tissu, heureusement que le stock de nos armoires ressemble un peu à la caverne d’Ali baba.
    Cette robe avec les nombreuses découpes est assez compliquée à monter, mais le résultat est magnifique et récompense de tous les efforts.
    Bravo.

    Réponse
    • Nathalie

      Mercii Evelyne!! Oui j’ai bien pesté après moi pour ce joli tissu. Quelle cruche!! Cela aurait été un changement radical de couleur!!!

      Réponse
  8. Jalyla

    Le trio de robes est superbe et de plus les couleurs vont bien ensemble!

    Réponse
    • Marie

      Quel beau trio !
      Je note le fil Maraflex : éviter le point extensible, chouette ! Je ne savais pas non plus qu’il existe du fil hydrosoluble. Même à un âge, disons… bien avancé … on en apprend tous les jours.

      Réponse
      • Nathalie

        Merci beaucoup Marie!! Mais on apprend toutes et à tous âges!! Ce fil Maraflex est un vrai bonheur et en plus il y a pas mal de choix de couleurs.

        Réponse
    • Nathalie

      Merci beaucoup Jalyla! Jattends de voir quelle couleur Fanfreluche choisira!

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *