par Falbala | Juin 22, 2019 | Couture des poupettes, Jupes |
Ah les petites jupes gourmandes qui sentent bon l’été. Quoi chez vous aussi il fait moche puis chaud puis à nouveau moche?!!! Ça ne fait rien, on se rattrape avec un imprimé estival, quelques volants par-ci, au besoin une paire de collants. Et tout de suite, on se sent (presque) en été…
Jupe à volants, à la pistache
Cette jupe est partie d’un modèle vu dans la revue Fait mains : jupe portefeuille (histoire de se réconcilier avec cette technique !!) avec un grand volant qui fait tout le tour de la jupe. Le modèle réalisé est assez quelconque, avec un motif chargé qui cache tout le travail de construction de la jupe. Le schéma de la jupe est beaucoup plus éloquent.
Proposée en tissu chaîne et trame fluide (viscose), j’ai souhaité une adaptation en maille. J’ai commencé par décalquer le patron qui s’est avéré bien trop large, bien trop long et pas assez couvrant sur les cuisses… La longueur finie est donnée pour 98 cm avec un grand risque de marcher dessus quand on ne fait qu’1,60 m. Le point de départ a donc été mon patron de la jupe en maille (réalisé pour la jupe Carmencita), qui a été coupé en trois panneaux pour reprendre la structure du modèle d’origine. La croisure de la jupe a été élargie pour éviter qu’elle ne s’ouvre trop haut en marchant, voire en étant assise. La forme des volants a été gardée, ils ont juste été un peu raccourcis pour s’adapter aux dimensions de mon patron de jupe. Le travail de repatronage s’est avéré assez technique, le montage cependant paraissait simple… mmmm…
Le tissu choisi est un jersey de viscose (il cartonne pas mal au lavage), déniché à la « caverne alsacienne ». J’ai choisi ce tissu en raison du métrage important dont je disposais. Mine de rien, les volants sont très gourmands en tissu. La coupe a été rendue délicate par le fait que les motifs n’étaient pas imprimés dans le sens du droit fil mais un peu décalés, en diagonale. Nous avons donc triché un peu sur le droit de fil pour privilégier le côté visuel et graphique du tissu.
Avant de se lancer dans l’élaboration de cette jupe, nous avons beaucoup discuté des finitions du volant, en profitant de l’expérience de la Prof qui avait réalisé un modèle similaire de la même revue, en taille enfant. Nous avons fait des essais en roulotté et en point wave (disponible sur certains modèles de surjeteuse), avec une combinaison de fils mousse couleur pistache / turquoise, exactement dans les tons des motifs du tissu. Finalement j’ai choisi le pistache en point roulotté pour mettre en valeur cette couleur du tissu. Mon tissu étant également chargé dans ses motifs, la Prof a également suggéré un passepoil blanc, entre la jupe et le volant de façon à bien les démarquer et de rendre le volant plus visible.
La première étape de montage a été la couture latérale des panneaux de la jupe devant sur le dos. Puis nous avons coupé un long biais blanc dans un de mes jerseys, en guise de passepoil. Il a été entoilé sur sa moitié et plié en deux. S’en est suivi un looooooong travail de placement du passepoil sur tout le pourtour de la jupe, et de couture à la main pour éviter tout gondolage. Ensuite, les volants ont été coupés en deux pièces, avec une couture milieu dos et finis avec un roulotté pistache.
Le plus dur restait à faire : froncer le volant. Déjà les fronces c’est pénible à faire mais sur du jersey c’est galère parce que souvent les fils cassent. Vu la loooongue dimension du volant, j’ai réalisé plusieurs séries de fils de fronces, de cran à cran, pour ne pas avoir à tirer sur toute la longueur et m’exposer inévitablement à des cassures de fils. Je me suis retrouvée avec une multitude de fils, ce qui a entraîné un moment de panique… Dans le calme de mon atelier, j’ai repris tout ce travail de fourmi et j’ai ensuite bâti à la main.. ouf…
Le montage de la jupe proposé par la revue est de superposer les deux panneaux avant et de coudre la ceinture, en laissant donc la jupe devant entièrement ouverte. Après un rapide essayage, nous avons conclu au nom de la décence ( !) qu’il était nécessaire de coudre au moins le haut des deux panneaux, pratiquement jusqu’à leur point d’intersection (couture quasi invisible en zigzag large à l’intérieur du passepoil). Ensuite la ceinture a été constituée d’un rectangle plié en deux, avec insertion d’un élastique gros grain.
Au final, je suis assez satisfaite de cette jupe qui est très agréable à porter. Au départ, c’était plus un exercice de style mais si je suis bien dedans, c’est tout bénef!!
Les jupes gourmandes
Ces jupes ont été cousues il y a quelque temps déjà, vu la facilité et le patron déjà utilisé (ici et là), je ne les avais pas présentées individuellement. Elles ont été cousues dans le même tissu que j’adore, avec des motifs naïfs de fruits. C’est un tissu également déniché à la « caverne alsacienne ».
La première est une simple jupe avec basque et un rajout de dentelle rouge, sur le haut et le bas de la basque.
La seconde a été réalisée sur le modèle de la jupe asymétrique Carmencita, avec un petit ruban en velours rouge au niveau du volant.
Allez pour finir quelques fleurs pour se croire déjà en été… Bon week-end!
Nathalie
par Falbala | Juin 11, 2019 | A ne pas rater, Escapades, Evasion, Papotage |
J’avais eu un premier aperçu des réalisations de Pascal Jaouen lors du Salon Talents la Broderie d’art nous fait rêver, et j’avais hâte de participer à son atelier d’initiation à la broderie Glazig. Dès le premier jour du Salon Pour l’amour du fil, à Nantes, je suis allée sur son stand et à proximité j’ai eu l’heureuse surprise de découvrir une exposition de ses robes et créations. Je crois qu’à ce jour, des quelques expositions de stylistes que j’ai pu admirer, celles de Pascal Jaouen sont mes préférées..
Exposition Pascal Jaouen
Je n’ai pas pu identifier avec certitude tous les modèles ou leur rattachement à une collection. Le problème est que j’ai tellement été subjuguée par ce que je voyais que j’en ai oublié de prendre des notes ou de photographier toutes les légendes des différents modèles. Il s’agit de pièces haute couture, pas de celles qu’on pourrait porter au quotidien, quoique… Il y a également beaucoup de robes de mariée et dans des couleurs inhabituelles. Si c’était à refaire, je me laisserais bien tenter par une des ses superbes robes!!
La toute première collection de Pascal Jaouen date de 2002. Elle est intitulée « Itinérances« , et a été présentée dans le cadre des Premières Rencontres Internationales du Textile, organisées à Quimper par l’Ecole de Broderie d’Art et l’Association Broder à Quimper. Elle était constituée de tenues traditionnelles brodées. Je suppose que ces pièces en font partie. Il s’agit de gilets de mariage du pays bigouden (région de Pont-l’Abbé).
En 2008, sa collection a pour nom « Regards vers l’Ouest« . Elle a entièrement été créée par Pascal Jaouen, avec des vêtements brodés traditionnels et des pièces plus contemporaines. La broderie est présente partout de manière plus ou moins extravagante.
La robe Marie-Antoinette (2008) est une robe de mariée, en satin rose et rouge, avec de la dentelle de Calais grise, des strass, cabochons. Les broderies sont faites au fil d’agent (typique de la Cornouaille). Pour ceux que les us et coutumes des tenues de mariage intéressent et notamment le rouge dans les robes de mariées en Bretagne, je vous renvoie à ce petit article, très bien documenté. Gros plan sur la finesse et la richesse des broderies du corsage:
Robe Marie-Antoinette
Cette superbe robe (2008) est en doupion de soie (soie sauvage tissée de manière irrégulière et avec un effet brillant), à quatre pans inspirée des cocards du pays bigouden (robe Cocarde ou Steredenn?).
J’ai un très gros faible pour cette petite robe brodée (2008). Son bustier est inspiré des revers des manches des Bigoudènes. Elle est en doupion de soie bordeaux, brodée en cannetille (fil de broderie métallique entortillé) violette, rocaille, fils de soie et cabochon, plumes de cygne rose pâle. La jupe en maille métallisée a été réalisée par les Plissés de France à St Malo. Jupon en doupion et mousseline de soie noire. Réalisée par Pascal Jaouen et Myrtille Brochoire.
En 2010, une nouvelle collection voit le jour et s’intitule « Au fil des trois éléments » (eau, terre et feu ou triskell).
Une des pièces maitresses est le manteau Algue, en satin et crêpe de soie gris pâle (manifestement eau!). Ses broderies s’inspirent de la faune et la flore marine. Fils métallisés argent, cabochons. Il est porté avec un pantalon en satin argent que malheureusement on ne peut pas voir.
Manteau Algue
J’adore la finesse et la délicatesse de ces détails.
Manteau Algue
Cette superbe robe brodée rouge est une robe de mariée (je dirais feu!). La jupe est en tulle et rubans de soie, organza, chenille, bustier en laine feutrée. Les spirales sont inspirées des motifs bigoudens, en rubans d’organza et chenille. Réalisée par Nathalie Broënnec.
J’adore cette petite robe trapèze « Plougastel » (terre). Elle est en satin fuchsia (je suppose de soie) et une bande de soie verte sur le bas de la robe, rebrodée de chenillette, de cabochons et de perles. Il s’agit de motifs de Cornouaille aux couleurs de Plougastel-Daoulas. Je regrette de ne pas avoir pris de photos de plus près de la deuxième robe trapèze que l’on voit à l’arrière sur la première photo. Elle est dans le même esprit (forme et couleurs) avec une encolure joliment brodée. Elle est en moire (effet d’ondulation du tissu obtenu lors de sa fabrication) et satin duchesse (satin lourd et épais). Je présume là encore que c’est de la soie également sur ce modèle.
C’est vraiment une petite robe qu’on pourrait porter assez facilement. Quelques gros plans sur les détails de la robe (jupe et corsage):
En 2013, la collection s’intitule Gwenn ha due (drapeau breton), entièrement en noir et blanc, inspirée des couleurs du drapeau breton. La dernière collection est en cours de préparation. Elle portera le nom de « Sur la route de..« : « Cette collection est un voyage, entre Bretagne et Galice, entre coiffes de l’Aven et habits de lumière de toreros. » Affaire à suivre…
Atelier broderie glazig
L’atelier de broderie a été beaucoup plus pédagogique que celui du plaid nomade. Il est vrai qu’ici il n’y avait pas du tout l’obstacle de la langue. Le cours a été fait par Martine Mao qui fait partie de son équipe d’enseignants. Elle s’est montrée à l’écoute des élèves, n’hésitant pas à aller de l’une à l’autre et d’une grande patience.
Le cours était très bien organisé, chacune d’entre nous disposait d’un morceau de lin comprenant un petit motif à broder et de tous les fils à broder, en soie, et d’un morceau de drap de laine que nous devions bâtir au préalable sur l’envers de la pièce de lin. Avec un atelier de 2 heures, je ne vais pas prétendre avoir tout compris. Mais au moins j’ai retravaillé les points de base, le point de chainette, le point de feston et de chainette rebrodée. Une des caractéristiques de la broderie Glazig c’est qu’on fait des nœuds à l’arrière de l’ouvrage. La tatie Onemei m’a toujours dit qu’en broderie on ne faisait pas de nœuds, il faut reglisser son fil à l’arrière sous les points.
En deux heures nous n’avons pas eu le temps de terminer notre ouvrage. J’ai au moins compris le sens à suivre notamment pour les deux morceaux d’une feuille de manière à avoir quelque chose d’harmonieux. La broderie c’est un peu comme le dessin, les mouvements et directions de la broderie sont importants pour donner de la profondeur, du relief et traduire la réalité d’une forme ou d’un objet. Le fil à broder en soie est assez difficile à utiliser. Il vrille très rapidement au fur et à mesure que l’on brode. J’ai déjà été confrontée à ce problème avec le coton perlé mais avec le fil de soie c’est encore pire. Il ne faut pas prendre de longues aiguillées.
J’en ai profité pour faire le plein d’ouvrages avec des motifs glazig à broder.. pour quand j’aurai / je prendrai le temps..
Ce dernier (tardif) article clôt enfin notre virée à Nantes. Oui je sais, j’ai un peu (beaucoup) trainé sur ce dernier volet. M. Cadbury tu pourrais faire des journées et surtout des week-end plus longs??? En tout cas, j’espère que tous nos articles auront témoigné des bons moments passés à Nantes…
A très bientôt
Nathalie
par Falbala | Mai 27, 2019 | Couture des poupettes, Robes |
Non non rassurez-vous je ne vais pas faire l’apologie des robes en synthétique!! Tout est parti d’un modèle repéré dans Fashion Style, revue n° 26 : une jolie robe raglan (surprise! surprise) avec un corsage joliment froncé sur la poitrine. Bref une encolure parfaite pour renforcer ses atouts!! Ce modèle est décliné en top et en robe. Un des modèles présentés dans la revue est « limite »: vu que la découpe du corsage tombe assez bas sous la poitrine on peut vite passer de l’effet belle poitrine (à condition bien sûr de remplir le corsage!) à l’effet mamamie ..
Vu ma stature qui ne correspond pas vraiment à celle de la revue et plutôt que de faire des retouches à l’infini (mmm..), nous sommes parties de mon patron de robe raglan, adaptée du top Maëlle de Marie Poisson. La partie corsage a été raccourcie par rapport au modèle d’origine, la pince poitrine déplacée dans la partie froncée et l’ampleur du bonnet diminuée. Pour le dos, nous avons dessiné les deux pièces puis finalement, compte tenu du tissu choisi, le dos a été coupé d’un seul tenant, sans couture milieu dos.
La Prof a une fois de plus tiqué sur ma manche raglan et a décidé de repatronner le tout. Comme nous utilisons de la bâche plastique depuis notre atelier pantalon (merci à Régine pour le tuyau!) et qu’on s’est un peu noyées dans le patronage, la Prof a décidé d’épingler les différentes pièces de patron sur moi.. Opération moulage de patron plastique, d’où la « robe plastique », ainsi baptisée à l’unisson!!
Nous avons également tenu compte du tissu pour le patronage. Pour cette robe j’ai choisi un jersey fluide, déniché à la « caverne alsacienne », avec un jeu de rayures irrégulières et multicolores. Pour éviter de se prendre le chou avec les raccords et pour rendre la robe encore plus peps, le parti pris a été de couper chaque pièce dans un sens différent: le corsage devant avec les rayures horizontales (droit fil), la jupe devant avec des rayures verticales, le dos de la robe rayures horizontales et les manches dans le biais!! La jupe devant étant dans le sens le moins élastique du tissu, nous avons un peu (trop) élargi le patron pour assurer un certain confort.
La partie encolure du corsage a été laissée dans le flou au cas où le décolleté serait trop plongeant (oui encore un plan à la « robe Aldaia »). Après premier bâti et essayage comme on peut le voir sur les photos ci-dessous, le corsage a été diminué de 5 cm pour éviter l’effet gant de toilette!! Vu que le dos était trop large, la Prof a suggéré soit des pinces soit une martingale. Puis finalement, nous avons repris la robe un peu partout, au niveau des emmanchures dos et devant ainsi que sur les côtés, ce qui a permis de résorber l’excès de tissu.
Pour la partie froncée du corsage, la revue avait prévu la pose d’un élastique sur la couture milieu devant. Finalement, les fronces ont été faites avec le surjet, en tirant délicatement les deux fils des aiguilles. Après toutes ces modifications, la robe tombait bien. Ne restait plus qu’à finir l’encolure… la pièce de résistance de la robe parce que pour le reste, elle est simple et son montage également. Mais avec la Prof, simple n’est pas une option et voici ce qu’elle m’a concocté. Elle a attrapé la robe et commencé à couper l’encolure en ayant une idée bien précise en tête.. comme ça. Elle m’a fait bâtir le tout (1 cm de marge de couture partout):
J’ai beaucoup aimé le résultat mais la question immédiate a surgi dans mon esprit: mais comment est-ce qu’on va faire pour un fini propre de la chose!! La réponse ne s’est pas fait attendre: vous allez dessiner la parementure pour finir l’encolure.. Ah mais l’encolure a été coupée comme ça sur la robe, et bien sûr je n’ai plus aucune repère sur le patron puisqu’il a été laissé en flou.. sueurs froides!! palpitations!! J’ai mis la robe sur le dos de Falbala, j’ai tout remesuré et repositionné les différentes pièces du patron sur la robe. J’ai ensuite fait deux tracés: un à partir du patron en essayant tant bien que mal de reporter les dimensions de la robe, et un directement sur la robe posée sur ma Falbala. Les deux coïncidaient. Finalement moyennant une petite modification, la Prof a validé mon enforme.
L’enforme a été coupée en deux morceaux (avec coutures milieu dos et milieu devant) et entoilée pour rigidifier et soutenir l’encolure. Le montage a été « coton » avec l’incrustation sur l’encolure mais cela donne une super finition sur l’envers.
Le tissu est très agréable à porter même si le temps n’est toujours pas de la partie.. Décidément cette année en mai, ne fait pas ce qu’il te plait!! Juste avant l’arrivée de la pluie quelques photos de la robe portée:
Très bonne soirée
Falbala et Nathalie
par Falbala | Mai 16, 2019 | A ne pas rater, Escapades, Evasion |
Puisqu’on est dans la lancée, voici un autre atelier que nous avons fait au Salon Pour l’amour du fil à Nantes cette fois toutes les trois, les Serial Piqueuses et la Prof, sous la houlette de Katherine Roumanoff.
Définir Katherine Roumanoff comme la sœur d’Anne Roumanoff serait un peu réducteur même si elles se ressemblent physiquement et même si, quand on entend parler l’une, on croit entendre un peu l’autre.. La comparaison va et doit s’arrêter là. Katherine Roumanoff est avant tout une artiste à part entière qui explore différents genres, dont qui nous intéresse ici tout particulièrement, l’art et les portraits textiles..
Elle nous a proposé un superbe atelier intitulé « Cours de chef d’œuvre », ça donne envie, non?? Qui n’a pas rêvé de faire un chef d’œuvre, paf en deux heures…. Et avec trois fois rien: un bout de carton, de la colle, des chutes de tissu et des ciseaux.. Voilà en plus une très belle occasion de recycler ses chutes en étant hautement (ou pas!) créatif… Après on peut en faire autant qu’on veut, dans un temps pas nécessairement limité à 2 heures…
Tableaux de Katherine Roumanoff
Le ton est donné dès le début du cours: alors on va faire comme quand on était enfant et qu’on jouait à coller des gommettes de toutes les couleurs mais cette fois on va prendre des morceaux de tissu en guise de gommettes.. On commence par farfouiller dans la montagne de tissus mis à disposition, à la recherche d’une toile de fond du tableau. Puis on part à la recherche des tissus qui vont constituer la forme du visage et des épaules / buste. Quand ça nous plait on colle! Ensuite on passe au visage, les yeux, la bouche et ainsi de suite.. On juxtapose les tissus jusqu’à arriver à ce qu’on veut ou ce qui nous plait… Et ainsi de suite.. la technique de construction est simple comme on peut le voir ci-dessous en image!!
Il y a un coté très ludique, très enfantin, à découper et à coller suivant l’inspiration et c’est ça qui est génial dans sa démarche. C’est une sorte de libération, d’explosions de couleurs et de formes qui n’ont de limites que celles que peut nous imposer notre imagination. C’est tout simplement la recherche de ce qui nous plait, de ce que l’on a envie d’immortaliser, d’une impulsion et au bout du compte de ce que nous sommes…
La démarche est tout de même un peu dangereuse. En tout cas en ce qui me concerne, j’ai été prise d’une bouffée d’anxiété.. Plus je découpais et j’essayais d’assembler des morceaux de tissus, plus j’avais devant moi la vision de trois générations qui se juxtaposaient et se mélangeaient. J’y ai vu ma mère et ma grand-mère et moi qui essayais tant bien que mal de me frayer un chemin entre ces deux personnalités marquantes de mon enfance.. Je revoyais surtout ma mère avec ses dessins somptueux, sa capacité avec trois fois rien de réaliser quelque chose de superbe et moi qui essayais vainement d’en faire de même.. Et plus je coupais et plus je trouvais mon tableau moche… C’est ainsi que je l’avais baptisé dans un premier temps.
L’artiste Roumanoff est venue à la rescousse en me proposant des ajouts assez fun qui sont venus un peu dédramatiser ma recherche de la perfection. Ben oui vous l’avez compris on n’est pas dans la recherche de la perfection!! On se fait simplement plaisir et on oublie tous les impératifs et carcans qui viennent polluer notre esprit… après ça va (presque) tout seul.. J’ai gardé certains de ses ajouts mais je les ai remanié à ma sauce, il faut s’approprier son chef d’œuvre, c’est le mot d’ordre..
Voilà en image certains des chef d’œuvre de l’atelier, « cuvée avril 2019 »! Impressionnants non? Vous allez bien nous trouver, je vous ai donné quelques pistes…
Katherine Roumanoff a également exposé certaines de ses créations dans le Salon. Je n’ai pas résisté à la tentation d’immortaliser ces visages si expressifs, fascinants et hors norme. Elle a publié très récemment un ouvrage sur ses créations, qui s’intitule tout simplement « Portraits textiles« .
Allez les filles, sortez vos gommettes.. euh vos chutes et vos ciseaux et laisser votre imagination vagabonder et vous libérer..
Bonnes gommettes à toutes!!
Nathalie
par Falbala | Mai 11, 2019 | A ne pas rater, Escapades, Evasion |
Les dessous de la fabrication textile sont tout aussi passionnants et complexes que la couture elle-même. Aujourd’hui on va un peu parler technique (du moins essayer) à la découverte du musée du Textile et de la Mode de Cholet. Quand nous avons essayé de voir ce qu’il y avait à visiter en marge du Salon pour l’amour du fil à Nantes, nous avons été emballées par ce musée. Et je dois dire que cette visite a été tout simplement magique..
Le musée est installé dans l’ancienne usine de blanchiment des toiles « La Rivière Sauvageau ». L’usine a été construite en 1881, restaurée par la ville de Cholet et des bénévoles (Union Rempart) et transformée en musée en 1995 dans le but de préserver ce patrimoine industriel. Le hall d’accueil (Crystal palace) a été construit à la même date.
Avec sa grande cheminée de 26 m, cette usine est l’un des derniers témoins de l’activité textile de Cholet. Le fameux mouchoir rouge de Cholet y est toujours tissé. Il est fabriqué par les ouvrières de l’Esat Arc en ciel. Le musée vend son fameux mouchoir mais également des articles créés par des artisans locaux, avec des torchons et essuie-mains tissés par la société Tissage de l’Ouest, à La Salle et Chapelle Aubry.
Le musée offre un parcours assez complet, de la fibre à la toile, en passant par la chaufferie et les procédés de teinture, avec un jardin des plantes textiles et tinctoriales. Le musée présente également le linge de maison qui était fabriqué. En prime, il y a une exposition temporaire intitulée « Faux semblants ». Ce qui m’a le plus intéressé dans ce musée ce sont les splendides métiers à tisser et les techniques de traitement des toiles.
Tissage du fil
Dans le hall d’accueil trônent de superbes métiers à tisser industriels. Le principe du métier à tisser est « simple »: il s’agit d’entrecroiser perpendiculairement deux types de fils: la trame (largeur) les fils de chaine (longueur). La mise en œuvre de ce principe a connu de nombreuses évolutions et améliorations technologiques ainsi qu’illustré par les machines présentées.
Les fils de chaîne: Ils sont organisés en fonction de la largeur du tissu et de l’ordre des couleurs (ourdissage). Les bobines sont ensuite dévidées parallèlement sur un rouleau appelé ensouple. Les fils sont enfin passés dans un bain de colle pour les durcir (autrefois à base d’amidon) (encollage), avant d’être installés sur le métier à tisser, ceci afin de limiter les contraintes subies lors du tissage.
Les fils de trame. Le fil de trame est bobiné sur une canette insérée dans une navette qui va intégrer le fil de trame entre les fils de chaîne. A l’origine, les navettes passaient d’une main dans l’autre, ce qui limitait la largeur des tissus. Avec l’évolution des techniques, d’autres mécanismes de lancement plus perfectionné des navettes vont permettre d’élargir les laizes des tissus et d’accroître le rendement des tissages. Les navettes ont par la suite disparu au profit de pinces et de mécanisme à air comprimé.
Lever les fils de chaîne. Les fils de chaîne sont levés suivant le type de tissu souhaité (armure du tissu ou façon d’entrelacer les fils de chaîne et de trame). Le métier Jacquard a permis d’automatiser cette tâche: des cartons perforés commandent automatiquement la levée des cadres des fils pairs et impairs de la chaîne. C’est un piano qui réalise les perforations des cartons. Les lisses (tiges métalliques) et les dents du peigne permettent de maintenir en bon ordre les fils de chaîne. Le peigne plaque ensuite le fil de trame lors de chaque passage dans les fils de chaîne et ainsi s’opère le tissage.
N° 1 métier à tisser à fouet (vers 1910, 4 cadres pour réaliser l’armure toile, laize de 60 à 80 cm, 140 battements par minutes, changements de couleurs automatique). Ce métier fonctionnait avec l’énergie produite par une machine à vapeur et a ensuite été doté d’un moteur électrique.
Métier à tisser à fouet Etablissement Maret à Cholet
La disposition des fils:
N° 2 Métier à tisser à fouet (vers 1930, de 4 à 16 cadres pour réaliser différentes armures, laize 120 cm, 120 battements par minutes). Il est doté d’un mécanisme qui détecte automatiquement quand les navettes sont presque vides et arrête le travail. Ratière avec cartes à picot pour commander automatiquement le changement de cadres.
Métier à tisser à fouet (Diederichs)
Et là encore le placement des fils:
N° 3 Métier à tisser à sabre (vers 1950) (6 cadres pour réaliser différentes armures, 120 cm de laize, 120 battements par minute). Le sabre est une sorte de levier vertical qui pousse rapidement la navette et lui donne suffisamment de vitesse pour traverser toute la largeur du battant. Il dispose lui aussi d’un mécanisme qui détermine quand la navette est vide et arrête la machine. Un système de cartes perforées détermine automatiquement le mouvement des cadres et le changement des couleurs.
Métier à tisser à sabre
La disposition des fils ainsi que le mécanisme de séparation des laizes:
N° 4 Machine à tisser à lances (vers 1970, de 4 à 16 cadres pour réaliser différentes armures, 240 cm de laize, 180 battements par minutes). Les navettes ne sont plus utilisées dans ces machines au profit d’une bobine qui fournit le fil de trame, transporté par une pince. Cela augmente la rapidité de ces machines et la largeur des laizes. Cartes perforées de programmation.
Machine à tisser à lances (Somet)
Vous apprécierez au passage cette photo prise en toute illégalité depuis la passerelle surplombant les machines exposées. En l’absence de panneau d’interdiction, j’ai grimpé et j’ai eu juste le temps de faire des clichés avant de me faire rabrouer par le personnel du musée qui m’a précisé que la passerelle n’était pas autorisée au public… Et encore quelques unes pour le plaisir des yeux..
D’autres machines plus anciennes sont également exposées dans le hall d’accueil du musée (Métier à bras, rouet et fuseau).
Le tissage du mouchoir de Cholet
L’atelier de tissage du mouchoir de Cholet est effectué dans le musée depuis 2003. Le métier à tisser est installé dans l’ancienne blanchisserie. Il date de 1987 et provient de l’usine de tissage Turpault de Cholet. Le fil utilisé est un coton égyptien, teint avant d’être tissé. 4582 fils sont disposés dans un certain ordre pour obtenir les couleurs du mouchoir. La machine tisse 230 trames par minute. 20 000 pièces sont produites par an.
Le traitement des tissus (ennoblissement)
Une fois tissées, les toiles ne sont pas prêtes à l’emploi. Elles doivent au préalable être débarrassées de leurs impuretés et être traitées en vue du rendu souhaité (notamment au toucher) et de la couleur à apporter. Elles sont soumises à cette fin à différents traitements : blanchiment, teinture et apprêts. Ces travaux d’ennoblissement sont effectués dans les blanchisseries. Ils nécessitent de l’eau (d’où l’importance des sites avec des cours d’eau) et des près pour étendre et faire sécher les tissus, ainsi qu’on peut le voir sur cette carte postale ancienne.
Le blanchiment et la teinture
Le blanchiment vise à éliminer l’encollage ainsi que tous les résidus des fibres et à transformer les tissus écrus en toiles blanches. L’obtention de la couleur blanche se fait après tissage mais pour les tissus à plusieurs couleurs, tous les fils sont au préalable blanchis puis teints avant tissage. De par la valeur ajoutée qu’ils confèrent aux tissus, les techniques de blanchiment sont des secrets de fabrication. Et à ce titre, les blanchisseurs (fonction réservée aux hommes) étaient mieux payés que les tisseurs.
Les techniques de blanchiment n’étaient pas un modèle d’écologie: soude, acide chlorhydrique, chlore, acide sulfurique. Ci-dessous, la recette de « grand blanc » de Cholet pour les toiles en lin, ça fait froid dans le dos.
Les travaux de restauration de l’usine ont permis de mettre à jour un ensemble de cuves en granit et brique, des canaux pour l’écoulement des eaux ainsi que des rails empruntés par des wagons pour le transport des toiles. L’une des salles de la blanchisserie de Cholet comprend deux cuves de chlorage et d’acide ainsi que des cuves de lavage.
L’usine pratiquait le blanchiment en boyau: les toiles étaient cousues entre elles (boyau d’une longueur de 10 mètres) au moyen de ce type de machine en coudre et des machines les entrainaient d’une cuve à l’autre, suivant la recette de fabrication de l’usine.
L’atmosphère de ces salles était humide et toxique. Les blanchisseurs devaient porter des sabots (bois et caoutchouc) pour éviter de glisser et des tabliers en toile de jute qui ne devaient pas vraiment les protéger des risque de projections d’acide et autre.
Les apprêts
Ils constituent la dernière phase du traitement des toiles et leur donnent leur aspect final. Les tissus sont essorés au cylindre entre deux rouleaux de bois pour enlever tous les plis. Ils sont empesés au moyen d’amidon ou de fécule, séchés, assouplis et lustrés avec un maillet en bois et repassés (calandrage). Ce travail était réservé aux femmes… (no comment).
Voilà un petit aperçu de ce musée, sous un angle très sélectif. Nous aurons probablement l’occasion d’approfondir ces questions techniques sous un angle plus actuel, avec les visites d’usines textiles: la semaine textile organise en juillet des journées portes ouvertes dans un certain nombre d’usines. A ne pas rater si vous êtes dans le coin!
La suite de nos aventures à Nantes et dans ses environs va suivre très bientôt!
Nathalie
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