Martial, le futal

Martial, le futal

Faire son premier pantalon représente un grand défi pour une apprentie couturière… mmmm… Le montage de la braguette est ce qui rebute le plus, d’autant plus compliqué à appréhender quand on confond sa droite de sa gauche, comme moi!! Pour simplifier un peu la tâche et les retouches, l’idéal est de commencer par une copie de pantalon qui va.

Martial le futal est né de la rencontre d’un pantacourt fétiche N*esprit et d’un tissu genre camouflage déniché à Sainte-Marie-aux-Mines il y a au moins deux ans, au rayon chouchou de Fleurs de tissus. Il a été baptisé ainsi en raison de Christiane, une des élèves du cours de couture qui ne cessait de me demander: alors il t’a coûté combien ton futal en temps de travail? Futal… Martial.. voilà mon pantalon baptisé… son aspect camouflage lui donne bien sûr une certaine rigueur militaire, martiale… Pour contrecarrer cette « rigueur », une touche de fantaisie a été ajoutée avec un tissu vert imprimé cœurs, acheté également à Sainte-Marie à la même époque (tissus du Chien vert), pour l’intérieur des poches et la doublure de la ceinture.

Le relevé du patron a été assez rapide grâce aux techniques d’épinglage de la Prof pour bien reprendre la forme du devant et du dos, retrouver le sens du droit fil et marquer l’emplacement des différentes poches. Ce modèle est une forme « jeans », avec un empiècement légèrement en pointe dans le dos, des poches italiennes devant et des poches plaquées sur le dos. Certaines surpiqûres (façon jean) ont été faites avec un fil épais (cordonnet) mais sur les zones difficiles, un fil ton sur ton a été utilisé (la surpiqûre laisse voir tous les défauts..). Par rapport au modèle original des modifications mineures ont été apportées: un ourlet un peu plus long, la forme de la jambe plus droite et l’empiècement dos en un seul morceau.

Le pantalon a été coupé sur l’endroit du tissu de manière à placer les motifs du tissu. Vous verrez très bientôt, j’espère, une illustration du placement « puzzle » d’une robe en cours de construction par ma Fanfreluche..

Pour le montage d’un pantalon, tout est question d’ordre. Il faut commencer par monter toutes les poches. Ensuite en vue du premier essayage, on construit le dos avec le montage de l’empiècement dos, on ferme partiellement l’entre-jambe jusqu’au placement futur (aïe) de la fermeture à glissière et on bâtit les jambes. Au premier essayage, ouf le pantalon va et a l’air de bien tomber, grâce au bon relevé du patron et au niveau d’élasticité assez semblable des tissus.

Il est temps de passer aux choses sérieuses avec le montage de la braguette. N’attendez pas ici de recette miracle, d’autant que je ne suis pas sûre de réussir à la refaire toute seule !!  Je vous renvoie au tuto très détaillé sur la question (Créabull) que Fanfreluche a trouvé pour sa jupe en jeans. Le but du jeu est de coudre la fermeture de manière à ce qu’elle soit invisible, le pont et le sous-pont, de part et d’autre, permettant de donner une jolie finition propre aussi bien sur l’endroit que sur l’envers. La surpiqûre sur l’endroit permet de solidariser toutes les pièces de la braguettes sur le pantalon. Enfin bon, faut bien s’assurer du tracé sur l’endroit pour éviter de péter son aiguille comme moi sur la fermeture. Esméralda n’a vraiment pas aimé la braguette, heureusement que les doigts magiques de la Prof et la vaillance de la Gritzner au cours de couture ont eu raison de la chose..

Passée cette étape décisive, la couture des jambes du pantalon n’a rien de sorcier mais c’est la ceinture qui a posé problème. Pour éviter que la ceinture ne se détende trop, elle avait été coupée dans le sens le moins élastique du tissu et une bande étroite d’entoilage (dit droit fil) avait été posée sur le pantalon. Mais une fois la ceinture montée impossible de respirer, et même pas la peine d’envisager d’aller manger un couscous!!

Opération deuxième ceinture: cette fois-ci elle a été coupée plus longue et dans le sens de la plus grande élasticité. Par ailleurs l’entoilage sur le pantalon a été étiré, cranté (un vrai carnage sur l’envers!!) pour restituer de l’élasticité au dos du pantalon. Alors bien sûr cette fois ça ferme mais ça baille énormément dans le dos. Pour éviter de refaire une 3e ceinture enforme cette fois, permettant à la ceinture de mieux s’adapter à la forme du dos et des hanches, la solution « back-up » a été de coudre à l’intérieur de la doublure de la ceinture un élastique gros grain pour resserrer la dimension supérieure de la ceinture. Bon ça a le mérite d’être efficace!!

Pour les passants, Esméralda n’a pas ronchonné en dépit de l’épaisseur du tissu replié en trois et la Prof a trouvé une technique « rusée » pour fixer les passants en les prenant à l’intérieur des coutures de la ceinture. Même la Gritzner aurait protesté pour les coudre de façon traditionnelle avec toutes ces épaisseurs. La boutonnière et le bouton jeans du stock de la Prof apportent la dernière touche à Martial!!

Bon allez je vous le montre en entier le Martial, sur ce joli pont:

et un décor un peu plus trash pour faire plaisir à la photographe!!

En attendant les prochains pantalons, je vous souhaite une très bonne soirée!!

Falbala

Robe Morea – crash test

Robe Morea – crash test

J’ai totalement craqué pour Morea, patron de robe déclinable également en top, de Slow Sunday. D’apparente simplicité (forme droite), elle présente des détails assez raffinés: encolure américaine qu’on trouve assez rarement pour les modèles adultes, gansée de surcroit, et un ourlet arrondi. Elle est dépourvue de fermeture ou boutonnage, l’encolure et la forme droite permettant de l’enfiler sans problème. Pour atténuer le « volume » de la robe droite, deux pinces ont été insérées sur le devant et le dos est constitué d’un empiècement avec une partie froncée pour donner plus d’ampleur.

Le patron est prévu avec 1 cm de couture inclus, ce qui complique les choses quand on teste le patron. Je préfère rajouter mes marges une fois le patron testé et rectifié le cas échéant. Niveau difficulté, elle est donnée pour intermédiaire… Le patron est bien conçu, avec beaucoup de repères et crans de montage notamment pour l’encolure croisée.

J’avais en stock un splendide tissu dans lequel j’ai vu la robe Morea. A priori c’est un coton relativement souple, j’ai beaucoup de mal à identifier sa « composition » et bien sûr il n’y a pas d’étiquette.. Ne me demandez pas où je l’ai trouvé, il provient d’une « private stash » de la Prof aux bons tuyaux… La seule chose qui me chiffonnait avec Morea, c’était les manches.. Un voyant « alerte carrure » s’est aussitôt allumé dans ma tête. Au niveau des tailles je me suis fait avoir par le livret explicatif qui ne donnait que les dimensions finies du vêtement par taille. Au vu de ce tableau j’étais bonne pour le 36.. mmmm… ah le vieux fantasme: coupé en 36 et sans retouche!!! Bien sûr après avoir fini la robe, j’ai eu la curiosité de vérifier sur la boîte du patron et là au vu de mes dimensions il me fallait un 38. Mais le problème de cette robe est autre, c’est la carrure et l’emmanchure.

Pour l’encolure: il me fallait un biais rouge et ça tombait bien parce que j’en ai des tonnes en stock en raison de mes tissus de Noël (à finir oui je sais.. on a encore le temps d’ici là). Il faut un biais de 4 cm de large: impossible de trouver la bonne dimension. J’ai dû recouper un biais après l’avoir repassé à toute vapeur. Pour le montage du biais (difficulté essentielle de cette robe), le livret est assez laconique: juste une dimension de 55 cm toutes tailles confondues. Le biais donne vraiment tout son charme à la robe et je suis pas trop mal satisfaite du rendu même si la pose a été laborieuse et que des petits défauts subsistent…

L’étape suivante (et l’heure de vérité): les manches. J’ai toujours détesté monter les manches, je m’étais un peu réconciliée avec les manches en maille… Revenir sur du chaine et trame c’était un peu la galère, saleté d’embu… Une fois les manches montées et la robe bâtie mes craintes se sont réalisées. Morea est étroite au niveau carrure et manches (et / ou mon tissu n’était pas approprié..) En fait c’est l’emmanchure qui n’est pas assez creusée, qui rend ce modèle inconfortable.  Sur la taille 38 c’est encore pire. J’ai recreusé de 0,5 cm et élargi les côtés de manches de 0,5 cm. Je n’ai pas touché à la forme de la manche, le différence a été résorbée dans l’embu. Donc remontage des manches et rebâti de la robe, c’est mieux mais ce n’est pas encore ça. Il faudrait creuser davantage mais là je pense que cela affecterait la forme de la manche. C’est portable mais peut mieux faire.. Au pire ça restera une toile pour habiller mon alter ego qui la plupart du temps n’a qu’un chapeau sur la tête (celle de Fanfreluche n’a qu’un collier!!) A retravailler avec la Prof qui sait faire des patrons..

Le reste du montage est relativement facile, l’ourlet arrondi est grandement facilité par l’enforme (fourni par le patron), sinon c’est irréalisable. Au niveau de la longueur, Morea est assez courte (longueur totale dos 80 cm et 60 cm à partir du bas de l’emmanchure) mais il y a une ligne de repère pour la rallonger au besoin. Pour ma stature de 1,60 elle reste relativement décente..

Alors à refaire? absolument une fois le patron rectifié… De toute façon il me reste encore pas mal de ce tissu et sinon en stock je pense qu’il y aurait de quoi faire.. Allez bon 15 août et en plus il (re)fait beau!!

Et voilà quelques photos de la robe quand même portée, n’empêche ça me démange de refaire ces emmanchures… Il faisait beau et chaud mais peut-être pas assez pour plonger dans l’eau façon Dolce Vita!!

Falbala

Baby Singer, machine à coudre ancienne pour enfant

Baby Singer, machine à coudre ancienne pour enfant

Les anciennes machines à coudre sont un plaisir pour les yeux… Elles sont belles et nous rappellent des souvenirs d’enfance.. Ma mère cousait sur une vieille machine Singer à pédalier qui me fascinait mais que je n’ai jamais réussi à apprivoiser. La pédale était très lourde et je n’arrivais jamais à doser la pression pour maitriser la vitesse de la machine.. L’ère moderne a introduit une bonne dose de technologie et d’électronique dans les machines à coudre mais ces vieilles machines n’ont pas à rougir de leurs capacités et performances.

C’est lors d’une balade à Sainte Marie aux mines que je suis tombée en admiration devant une petite machine à coudre pour enfant, dans la vitrine d’une brocante.. Je n’y connais rien en vieilles machines et encore moins dans les modèles pour enfant, mais l’occasion était trop belle de laisser passer ce bel objet..  Une fois rentrée à la maison, je farfouillé sur le Net et j’ai trouvé pas mal d’infos sur ce modèle. Il s’agit de la Baby Singer (dénomination européenne) ou Sewhandy (dénomination américaine), modèle 20 (class 20), à manivelle. La première édition remonte à 1910. Elle a fait l’objet de diverses améliorations et a été commercialisée jusque dans les années 70 avec une version électrifiée (plus de détails techniques et infos sur le site singersewinginfo.co.uk).

Le modèle que je vous présente est la version 20.10 et date des années 50 (fabriquée en France). Elle existe en plusieurs couleurs : noir, brun, crème et certains modèles rares existent en bleu ou rouge. La machine est complète. Il ne manque que certains petits accessoires que je n’ai pas pu identifier ainsi que le mode d’emploi (sur ebay on peut encore trouver des pièces, accessoires et aiguilles pour ces machines). La boîte est malheureusement un peu abimée.. Le mot est donné: « une vraie machine à coudre comme celle de maman ». Et effectivement elle n’a de jouet que le nom ou la taille. Certaines versions plus raffinées comprenaient une valisette.

La machine est à fixer sur une table au moyen d’un serre-joint (table clamp) pour assurer sa stabilité lorsque l’on tourne la manivelle:

Le système d’enfilage est assez sophistiqué. Il y a différents repères, ou guide-fils numérotés de 1 à 6 pour faciliter l’enfilage.

Des extraits du mode d’emploi anglais de la première génération (sur le modèle 20.10 (4e génération)  il y a un boîtier/cache comme on peut le voir sur les photos) (téléchargeable depuis le site de Singer) montrent les différentes pièces ainsi que le mécanisme d’enfilage:

Il n’y a pas de canette. Il suffit de tourner la manivelle et un mécanisme sous la machine permet d’attraper le fil et de coudre un point de chainette sur l’envers. Sur l’endroit, la machine fait un point droit. Le point est magnifique, pour une démonstration en image c’est ici  ou encore . Je n’ai pas encore réussi à la faire fonctionner, il y a sûrement des petits réglages à faire encore. Si j’y arrive, je me ferai un plaisir de faire également une petite démonstration..

La Baby singer comprend également un mécanisme pour régler la tension du fil ainsi qu’un guide de couture ajustable pour coudre bien droit, rien à envier aux machine modernes:

La Baby singer sous tous les angles:

L’univers de ces vieilles machines à coudre pour enfants est absolument fascinant. Pour poursuivre ce beau voyage, je vous invite à voir cet article sur la Baby singer ainsi que d’autres pièces, et sur tous les modèles présentés dans ce très bel article de Poupendol 

Bon dimanche

Falbala

Lucette et les salamandres en positif et négatif

Lucette et les salamandres en positif et négatif

Véritable coup de cœur pour ce tissu salamandre en jersey de coton, déniché en Allemagne (Stoffhale) près d’Offenbourg. J’y ai vu un tich/sweat Maëlle et je l’ai imaginé bicolore, manches et encolure blanches et le reste en salamandre. J’ai donc acheté un morceau de jersey blanc pour le combiner avec les salamandres. Une fois mes tissus étalés sur ma table de coupe, tout a commencé à tourbillonner dans ma tête et finalement je suis partie sur Lucette..Le patron ayant déjà été testé et modifié, il n’y avait plus qu’à couper!!

En plaçant tous les morceaux de patrons sur les deux tissus, j’ai pu me rendre compte que je pouvais faire deux Lucettes en alternant manches et ceintures dans un tissu et le reste du patron dans l’autre tissu: Lucette en positif et négatif! Alors je ne sais pas s’il y a un sens pour le croisement du cache-cœur, je m’étais déjà posé la même question pour le premier modèle réalisé, mais là j’ai alterné délibérément le croisé. Nonnon, me suis pas mélangée droite/gauche cette fois! J’avais vu la réalisation de Chatkikou avec une finition en biais apparent plutôt qu’une parementure intérieure. Pour chacun de mes modèles, j’ai donc fait une bande d’encolure contrastante, façon biais, une en blanc et l’autre en salamandre.

Les « deux » Falbala se pavanent.. Je pense que j’ai une petite préférence pour le « fond » salamandre. Le blanc froisse un peu trop à mon goût pourtant il est plus épais et ferme que le tissu salamandre.. Nul doute que la Prof qui en touche un rayon, aura une explication sur ces différences…

Bonne journée et pour celles qui bossent, courage le week-end approche!!

Falbala

Les musées du savoir-faire textile en Alsace – l’écomusée de Wesserling

Les musées du savoir-faire textile en Alsace – l’écomusée de Wesserling

Dans le prolongement du musée de l’impression sur étoffes, une visite s’impose à l’écomusée de Wesserling, situé à quelques kilomètres de Mulhouse. Il s’agit d’une ancienne manufacture royale (impression sur planches) reconvertie en écomusée du textile. C’est un site immense avec de nombreux jardins aménagés (jardin potager, parc à l’anglaise etc..), agrémenté d’animations, d’expositions temporaires et de boutiques d’artisanat. Un site idéal pour une promenade familiale, tout le monde peut y trouver son compte..

 

Le musée textile à proprement parler est sur six ou sept niveaux avec au sommet un belvédère qui nous permet de mesurer l’ampleur du site à son heure de gloire..

Y sont exposées de nombreuses robes de bal et de jour, réalisées dans les années 90 et inspirées de modèles du XIXe et début XXe siècle, pour notre plus grand plaisir.. Pour la robe Dame Jacquard, trois mois de conception et 10 mètres de tissus ont été nécessaires, la robe Cushion Doll se compose de coussins (6 mètres de tissus). D’autres modèles sont présentés sur le site Internet de l’auteur Mad’hands.

Le musée montre également les différents ateliers pour la fabrication et l’impression du tissu: Le filage et le tissage, l’atelier des couleurs, la gravure sur planche de bois (avec des animations en costume), la gravure sur cuivre, le cabinet du dessinateur, le comptoir de vente. Comme au musée de l’impression sur étoffe, de nombreuses planches de bois sont exposés. Des ateliers de gravures sur planches ont subsisté jusqu’en 1930 à Wesserling.

Il y a trois expositions temporaires (jusqu’au 30 décembre 2017): expédition Jules Vernes, DMC l’art du fil et de Art Quilt Award 2015.

Bref il y a de quoi se remplir les yeux et se balader toute une journée!!

Epilogue: allez quelques photos de l’artisanat sur le site. Tatie Onemei m’a dit qu’il y a également une boutique qui vend du tissu et de la mercerie mais je ne l’ai pas vue… grrrrrr… ce sera pour la prochaine visite!

 

Falbala