par Falbala | Mai 11, 2019 | A ne pas rater, Escapades, Evasion |
Les dessous de la fabrication textile sont tout aussi passionnants et complexes que la couture elle-même. Aujourd’hui on va un peu parler technique (du moins essayer) à la découverte du musée du Textile et de la Mode de Cholet. Quand nous avons essayé de voir ce qu’il y avait à visiter en marge du Salon pour l’amour du fil à Nantes, nous avons été emballées par ce musée. Et je dois dire que cette visite a été tout simplement magique..

Le musée est installé dans l’ancienne usine de blanchiment des toiles « La Rivière Sauvageau ». L’usine a été construite en 1881, restaurée par la ville de Cholet et des bénévoles (Union Rempart) et transformée en musée en 1995 dans le but de préserver ce patrimoine industriel. Le hall d’accueil (Crystal palace) a été construit à la même date.
Avec sa grande cheminée de 26 m, cette usine est l’un des derniers témoins de l’activité textile de Cholet. Le fameux mouchoir rouge de Cholet y est toujours tissé. Il est fabriqué par les ouvrières de l’Esat Arc en ciel. Le musée vend son fameux mouchoir mais également des articles créés par des artisans locaux, avec des torchons et essuie-mains tissés par la société Tissage de l’Ouest, à La Salle et Chapelle Aubry.
Le musée offre un parcours assez complet, de la fibre à la toile, en passant par la chaufferie et les procédés de teinture, avec un jardin des plantes textiles et tinctoriales. Le musée présente également le linge de maison qui était fabriqué. En prime, il y a une exposition temporaire intitulée « Faux semblants ». Ce qui m’a le plus intéressé dans ce musée ce sont les splendides métiers à tisser et les techniques de traitement des toiles.
Tissage du fil
Dans le hall d’accueil trônent de superbes métiers à tisser industriels. Le principe du métier à tisser est « simple »: il s’agit d’entrecroiser perpendiculairement deux types de fils: la trame (largeur) les fils de chaine (longueur). La mise en œuvre de ce principe a connu de nombreuses évolutions et améliorations technologiques ainsi qu’illustré par les machines présentées.
Les fils de chaîne: Ils sont organisés en fonction de la largeur du tissu et de l’ordre des couleurs (ourdissage). Les bobines sont ensuite dévidées parallèlement sur un rouleau appelé ensouple. Les fils sont enfin passés dans un bain de colle pour les durcir (autrefois à base d’amidon) (encollage), avant d’être installés sur le métier à tisser, ceci afin de limiter les contraintes subies lors du tissage.
Les fils de trame. Le fil de trame est bobiné sur une canette insérée dans une navette qui va intégrer le fil de trame entre les fils de chaîne. A l’origine, les navettes passaient d’une main dans l’autre, ce qui limitait la largeur des tissus. Avec l’évolution des techniques, d’autres mécanismes de lancement plus perfectionné des navettes vont permettre d’élargir les laizes des tissus et d’accroître le rendement des tissages. Les navettes ont par la suite disparu au profit de pinces et de mécanisme à air comprimé.
Lever les fils de chaîne. Les fils de chaîne sont levés suivant le type de tissu souhaité (armure du tissu ou façon d’entrelacer les fils de chaîne et de trame). Le métier Jacquard a permis d’automatiser cette tâche: des cartons perforés commandent automatiquement la levée des cadres des fils pairs et impairs de la chaîne. C’est un piano qui réalise les perforations des cartons. Les lisses (tiges métalliques) et les dents du peigne permettent de maintenir en bon ordre les fils de chaîne. Le peigne plaque ensuite le fil de trame lors de chaque passage dans les fils de chaîne et ainsi s’opère le tissage.
N° 1 métier à tisser à fouet (vers 1910, 4 cadres pour réaliser l’armure toile, laize de 60 à 80 cm, 140 battements par minutes, changements de couleurs automatique). Ce métier fonctionnait avec l’énergie produite par une machine à vapeur et a ensuite été doté d’un moteur électrique.

Métier à tisser à fouet Etablissement Maret à Cholet
La disposition des fils:

N° 2 Métier à tisser à fouet (vers 1930, de 4 à 16 cadres pour réaliser différentes armures, laize 120 cm, 120 battements par minutes). Il est doté d’un mécanisme qui détecte automatiquement quand les navettes sont presque vides et arrête le travail. Ratière avec cartes à picot pour commander automatiquement le changement de cadres.

Métier à tisser à fouet (Diederichs)
Et là encore le placement des fils:

N° 3 Métier à tisser à sabre (vers 1950) (6 cadres pour réaliser différentes armures, 120 cm de laize, 120 battements par minute). Le sabre est une sorte de levier vertical qui pousse rapidement la navette et lui donne suffisamment de vitesse pour traverser toute la largeur du battant. Il dispose lui aussi d’un mécanisme qui détermine quand la navette est vide et arrête la machine. Un système de cartes perforées détermine automatiquement le mouvement des cadres et le changement des couleurs.

Métier à tisser à sabre
La disposition des fils ainsi que le mécanisme de séparation des laizes:
N° 4 Machine à tisser à lances (vers 1970, de 4 à 16 cadres pour réaliser différentes armures, 240 cm de laize, 180 battements par minutes). Les navettes ne sont plus utilisées dans ces machines au profit d’une bobine qui fournit le fil de trame, transporté par une pince. Cela augmente la rapidité de ces machines et la largeur des laizes. Cartes perforées de programmation.

Machine à tisser à lances (Somet)
Vous apprécierez au passage cette photo prise en toute illégalité depuis la passerelle surplombant les machines exposées. En l’absence de panneau d’interdiction, j’ai grimpé et j’ai eu juste le temps de faire des clichés avant de me faire rabrouer par le personnel du musée qui m’a précisé que la passerelle n’était pas autorisée au public… Et encore quelques unes pour le plaisir des yeux..
D’autres machines plus anciennes sont également exposées dans le hall d’accueil du musée (Métier à bras, rouet et fuseau).
Le tissage du mouchoir de Cholet
L’atelier de tissage du mouchoir de Cholet est effectué dans le musée depuis 2003. Le métier à tisser est installé dans l’ancienne blanchisserie. Il date de 1987 et provient de l’usine de tissage Turpault de Cholet. Le fil utilisé est un coton égyptien, teint avant d’être tissé. 4582 fils sont disposés dans un certain ordre pour obtenir les couleurs du mouchoir. La machine tisse 230 trames par minute. 20 000 pièces sont produites par an.
Le traitement des tissus (ennoblissement)
Une fois tissées, les toiles ne sont pas prêtes à l’emploi. Elles doivent au préalable être débarrassées de leurs impuretés et être traitées en vue du rendu souhaité (notamment au toucher) et de la couleur à apporter. Elles sont soumises à cette fin à différents traitements : blanchiment, teinture et apprêts. Ces travaux d’ennoblissement sont effectués dans les blanchisseries. Ils nécessitent de l’eau (d’où l’importance des sites avec des cours d’eau) et des près pour étendre et faire sécher les tissus, ainsi qu’on peut le voir sur cette carte postale ancienne.

Le blanchiment et la teinture
Le blanchiment vise à éliminer l’encollage ainsi que tous les résidus des fibres et à transformer les tissus écrus en toiles blanches. L’obtention de la couleur blanche se fait après tissage mais pour les tissus à plusieurs couleurs, tous les fils sont au préalable blanchis puis teints avant tissage. De par la valeur ajoutée qu’ils confèrent aux tissus, les techniques de blanchiment sont des secrets de fabrication. Et à ce titre, les blanchisseurs (fonction réservée aux hommes) étaient mieux payés que les tisseurs.
Les techniques de blanchiment n’étaient pas un modèle d’écologie: soude, acide chlorhydrique, chlore, acide sulfurique. Ci-dessous, la recette de « grand blanc » de Cholet pour les toiles en lin, ça fait froid dans le dos.

Les travaux de restauration de l’usine ont permis de mettre à jour un ensemble de cuves en granit et brique, des canaux pour l’écoulement des eaux ainsi que des rails empruntés par des wagons pour le transport des toiles. L’une des salles de la blanchisserie de Cholet comprend deux cuves de chlorage et d’acide ainsi que des cuves de lavage.
L’usine pratiquait le blanchiment en boyau: les toiles étaient cousues entre elles (boyau d’une longueur de 10 mètres) au moyen de ce type de machine en coudre et des machines les entrainaient d’une cuve à l’autre, suivant la recette de fabrication de l’usine.

L’atmosphère de ces salles était humide et toxique. Les blanchisseurs devaient porter des sabots (bois et caoutchouc) pour éviter de glisser et des tabliers en toile de jute qui ne devaient pas vraiment les protéger des risque de projections d’acide et autre.
Les apprêts
Ils constituent la dernière phase du traitement des toiles et leur donnent leur aspect final. Les tissus sont essorés au cylindre entre deux rouleaux de bois pour enlever tous les plis. Ils sont empesés au moyen d’amidon ou de fécule, séchés, assouplis et lustrés avec un maillet en bois et repassés (calandrage). Ce travail était réservé aux femmes… (no comment).

Voilà un petit aperçu de ce musée, sous un angle très sélectif. Nous aurons probablement l’occasion d’approfondir ces questions techniques sous un angle plus actuel, avec les visites d’usines textiles: la semaine textile organise en juillet des journées portes ouvertes dans un certain nombre d’usines. A ne pas rater si vous êtes dans le coin!
La suite de nos aventures à Nantes et dans ses environs va suivre très bientôt!
Nathalie
par Falbala | Avr 2, 2019 | Papotage |
Il y a longtemps que je louche régulièrement sur les patrons Paprika patterns. Le site ne regorge pas d’une multitude de patrons mais il y a de très beaux modèles. J’adore tout particulièrement les petites robes en molleton avec ces jolies découpes, que je finirai pas faire un de ces jours.. Il y a aussi la jupe Jade qui est un modèle très original avec un système de plis sur le devant. Et comme je suis en mode « jupe », je me suis dit allez un petit modèle assez facile, idéal après la prise de tête de la « robe » Aldaia… mmmm…..
Bon une fois n’est pas coutume, j’ai décidé de faire ma radine… Marre de n’utiliser qu’une partie infime des patrons que j’achète. Ce n’est pas que ce patron était très cher mais il a « payé » pour les autres. Je me suis dit que pour une « simple » jupe, payer uniquement pour le système de plis sur le devant, cela n’en valait pas la peine, d’autant que sur le site de la styliste, une vidéo montrait comment faire le pliage. Cela avait l’air assez simple et facile… non mais quelle arrogance de ma part !!! mmmm…. Mmmm….

J’ai fait suivre le dessin technique et la vidéo à la Prof qui s’y connait en moulage, en espérant qu’avec sa baguette magique elle m’aiderait à concocter ce patron. Pour cet exercice, j’avais un jersey milano vert kaki uni. Le seul impératif que j’avais vu sur le site de la créatrice était que le tissu devait avoir un bon coefficient de rétractabilité, de manière à se remettre bien en place après étirement, pour éviter que tous les plis se défassent ou se distendent. Ce n’était pas vraiment le cas de ce milano. La Prof y voyait aussi la nécessité d’avoir un tissu fin pour éviter les épaisseurs du pliage. Là encore ce n’était pas vraiment le cas de ce milano.. Mais on a quand même tenté l’opération, sur la base de mon patron de jupe de base en maille!! Pas de patron et un tissu ne répondant pas au cahier des charges, fastoche quoi!!
Pour le devant, nous avons coupé un très large et long rectangle destiné à faire les plis. Plusieurs heures ont tout de même été nécessaires pour trouver un système de pliage harmonieux, avec comme résultat bien entendu de larges surépaisseurs dans le dos. La jupe s’est rapidement transformée en mille feuilles, intransportable !! Pour maintenir le tout, j’ai fait des points de bâti au niveau de chaque pli. J’ai également fait des points de bâtis aux endroits où les plis se rejoignaient. Le visuel de ces coutures a plu à la Prof et elle a suggéré qu’on fasse un point de recouvrement sur chaque niveau de pliage (sur l’endroit).

Puis sous les plis, pour consolider les « feuilles », j’ai fait un point de chaînette, à la recouvreuse, pour bien attraper toutes les épaisseurs de tissus. Une fois ces opérations terminées, la Prof a recoupé à l’arrière les excédents de tissus, pour alléger (un peu !) le « feuillage ». J’ai surjeté chaque coupe à l’arrière, en prenant bien garde de ne pas attraper toutes les épaisseurs de tissus. Une fois toutes ces opérations terminées, nous avons mis le patron sur le rectangle plissé et constaté que s’il y avait suffisamment en largeur, niveau longueur, la jupe avait drôlement raccourci !!
Pour rattraper la longueur, la Prof m’a fait dessiner une ceinture enforme de 10 cm de large pour le devant, étant entendu que le dos serait simplifié et en un seul morceau. Ah oui mais comment je la ferme maintenant cette jupe ? Impossible de mettre une fermeture sur le côté à cause des épaisseurs. Oui on aurait pu couper le dos en deux pièces et insérer une fermeture à glissière (comme sur le modèle d’origine) mais nous avons opté pour une solution de facilité : on monte un élastique à la taille avec une coulisse au milieu de la ceinture. Et pour pouvoir rentrer dans la jupe on redessine le dos en quasi rectangle (bien large parce que j’ai craint de ne pouvoir rentrer dans la jupe..). Une doublure maille a été coupée à l’identique et d’un seul tenant, avec rajout de la ceinture enforme en milano (dos et devant).

Avant de coudre les deux pièces de la jupe, il a fallu renforcer les plis pour qu’ils restent en place avec une bande d’entoilage (en droit fil) sur les côtés puis au centre. Et comme ça ne suffisait toujours pas (ben non! pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué), l’intégralité de la jupe devant a été entoilée. Une couche de feuille de plus !! J’ai fait en outre des points à la main sur chaque niveau de plis à l’arrière pour éviter que l’entoilage se décolle à la longue sur des parties cruciales de soutien.

L’assemblage de la jupe dos et devant a été assez difficile. Même la Gritzner du cours, d’ordinaire si docile, a copieusement ronchonné. Après quelques modifications de réglages et surtout un changement d’aiguille, c’est presque passé comme dans du beurre.. J’ai également assemblé les deux pièces de doublure en laissant une ouverture au niveau intérieur de la ceinture pour pouvoir y glisser un élastique.
La dernière opération a consisté à coudre la doublure à la jupe, puis ensuite la coulisse. La prochaine fois, je n’oublierai pas de remettre la jupe à l’endroit (et la doublure à l’intérieur) pour faire la couture de la coulisse… Heureusement ce milano a un haut pouvoir cicatrisant, les coutures ne laissent aucune trace une fois défaites. L’insertion de l’élastique n’a pas été une mince opération, lui aussi a fait de la résistance mais j’ai fini par en venir à bout.

Au final, la jupe est un peu large au niveau du dos. Je pense que je n’aurais pas dû être aussi craintive. Certes le devant tombe pile poile et a perdu un peu de son élasticité avec l’entoilage mais la largeur du dos compense largement. Le bon côté des choses est qu’elle n’est pas moulante et est « couscous » ou « choucroute » compatible ! Pour un si petit bout de jupe, elle pèse lourd, mais vraiment lourd. Normal vu le nombre de couches et de feuilles.
La finition de la ceinture n’est pas optimale. J’aurais peut-être dû choisir une forme plus ajustée dans le dos moyennant la pose d’une fermeture à glissière. Mais vu le temps passé sur ce projet, la solution retenue a permis d’aller plus vite !! De toute façon c’est un « prototype » et ça le restera. Ben non, je n’ai vraiment pas l’intention de la refaire d’autant qu’il n’y a pas de patron du devant. Il aurait fallu découdre tout le moulage pour en reprendre le patron…
En attendant de vous montrer la prochaine fournée de jupettes, dont une encore au stade de gestation intense, je vous souhaite une très bonne soirée et plein de belles cousettes!
Nathalie
par Fanfreluche | Nov 23, 2018 | Escapades, Evasion, Papotage |
Dimanche dernier, M. Fanfreluche et moi avons décidé de braver le froid (et nos amis les gilets jaunes) pour faire une visite à Colmar. C’est là que se tenait la deuxième édition du Salon des loisirs créatifs. Il se trouve que j’avais gagné par le biais du blog Les trésors d’Apolline (merci Apolline), deux entrées gratuites pour ce salon. La curiosité n’étant pas un si vilain défaut que ça, j’ai pensé que ce serait intéressant d’y faire un tour et, comme de bien entendu, de vous proposer une rapide visite virtuelle.
D’avance je vous présente toutes mes excuses, car ma visite fut un peu restrictive et mon résumé le sera tout autant, par le fait que ce qui m’intéresse en priorité, c’est la couture et, pourquoi pas, le tricot. Il est vrai que ces jours-ci, j’ai repris le tricot de façon un peu plus sérieuse. Je crois que c’est vraiment lié à la température extérieure et aux longues soirées obscures. En tout cas, je constate que l’envie de tricoter me reprend chaque année à la même période.
Salon des loisirs créatifs – Vue d’ensemble
Comme je vous fais un compte rendu partiel, ainsi que je vous le disais plus haut, je préfère être objective pour ce qui est de mon sentiment général. En réalité, il faut dire que j’ai été plutôt déçue. Le salon était petit, par comparaison à d’autres salons similaires que j’ai vus (je pense surtout à Nadelwelt à Karlsruhe (Allemagne), qui est immense, ou à Sainte Marie aux Mines).

Une petite photo des allées (pas très bondées et pourtant, il m’a parfois été difficile d’accéder à certains stands). Je pense que l’affluence a été plus grande l’après-midi, car au moment où nous repartions, la file d’attente à la caisse était assez longue.
Patch, couture et mercerie
Je me suis faite happer par certains stands de tissus, dont la majorité était, comme souvent dans ce genre de salons, consacrés au patchwork. Mais il y en avait quelques uns qui étaient vraiment dédiés à la couture pure et dure, notamment un stand qui vendait de très beaux jerseys, sweats et matelassés de France Duval Stalla, ainsi que des velours milleraie Dashwood. J’ai d’ailleurs retrouvé le même tissu que j’ai utilisé pour coudre la salopette d’Augustine.

Tissus France Duval Stalla et Dashwook
Sur le stand de La Caso’Tissus, magasin situé à Mulhouse, j’ai acheté un tissu doudou (très doux et très cher) pour réaliser un gilet de berger réversible à Augustine. J’ai l’intention d’utiliser le patron de Super Bison (disponible gratuitement en pdf). Reste à choisir le tissu pour la doublure.

La Caso’Tissus
Ensuite, je tenais à vous montrer ci-dessous un joli stand de mercerie (DG Prod), véritable arc en ciel de boutons de toutes les couleurs, mais aussi un beau choix de rubans, biais et autres fantaisies qui a fait battre mon petit coeur de Serial Piqueuse. J’ai été raisonnable et me suis contentée de fouiller dans une « boîte à trucs », où j’ai trouvé des petits bouts de rubans tissés et de tulle rebrodé de paillettes. Ils sont allés prendre place dans ma boîte à trésors, en attendant de leur trouver LE projet adéquat.
Puis, en vrac, des stands divers et variés que j’ai effleurés au passage, sans m’y attarder.
Salon des loisirs créatifs – Tricot coup de coeur
Je suis tombée en arrêt devant le stand de Patricia Finance, qui tricotait du jacquard avec une dextérité incroyable. Sa spécialité, outre le tricot jacquard, le tricot en rond et les motifs islandais, est la broderie. Ses étals étaient couverts d’ouvrages délicats et colorés, qui m’ont ravie. Son magasin-atelier, Keito Studio, est situé à Horbourg-Wihr, à côté de Colmar où Patricia Finance propose des cours de tricot et de broderie ouverts à tous les niveaux. Nous avons discuté un peu et elle s’est fort sympathiquement prêtée à mon petit shooting.

Ci-dessous une photo de sa plaquette, pour ceux et celles que cela intéresserait.
Salon des loisirs créatifs – Exposition de patchwork et d’art textile
Pour finir, je vous propose un rapide tour d’horizon de l’exposition qui était proposée. Nous y avons découvert de splendides patchwork anciens, les Korakdusis (« Korak » signifie petits restes, « dusi », broderie), tout droit venus du Turkménistan. J’ai été très surprise de découvrir que ce pays, comme d’autres pays d’Asie, dispose d’une riche et très ancienne culture des patchworks…. Les pièces présentées servaient de tentures qui décoraient les murs intérieurs des maisons ou de portières entre deux pièces. La soviétisation de ce pays a sonné le glas de cet art ancestral.
L’exposition présentait également des patchworks dans un style naïf, réalisés par des enfants (malheureusement je n’ai pas de photo) et de très beaux éléments d’art textile contemporain, parmi lesquels ceux de Catherine Bihl, Diplômée des Beaux-Arts de Mulhouse et de la Faculté d’Arts Plastiques de Strasbourg.
Je m’arrêterai là, en espérant que ce petit tour d’horizon sans prétentions vous aura plu.
A bientôt pour de nouvelles escapades.
Fanfreluche
par Falbala | Oct 19, 2018 | Papotage |
Nos plaisanteries portent souvent sur notre façon d’appréhender la couture et nos méthodes de travail. Des serial piqueuses, je suis affectueusement cataloguée, et je l’assume pleinement, de « cartésienne », celle pour laquelle le patron est un objet sacro-saint et toute modification doit répondre à certains critères bien établis et s’ajuster parfaitement. Je vous renvoie à cet égard à l’excellent article de Tasticottine dont nous vous avons déjà parlé, qui fait la distinction entre les artistes et la NASA (NASA = cartésiennes dans notre private jargon). Les artistes quant à elles sont plus approximatives, ne s’embarrassent pas de tracés parfaits, et altèrent leur patron sans état d’âme et au petit bonheur la chance.
Je fais donc partie de ces cartésiennes qui s’accrochent à leur patron comme à des certitudes et vérités absolues… On ne se refait pas ! Bon les derniers temps, j’ai un peu « joué » avec mon patron de base de la robe en maille pour faire des petites variantes. Mais chaque modification était relativement limitée, vérifiée x fois et bien ajustée sur le patron… C’est un projet un peu bancal (dans sa conception et réalisation) qui m’a fait basculer et perdre toute notion de cartésianisme !!
J’avais envie depuis pas mal de temps de faire des découpes dans des modèles en jersey, soit un sweat soit une robe. Ou dixit la Prof le genre de plan galère !! L’une des robes qui me titille depuis longtemps est la robe Zircon de Paprika patterns que je finirai bien par faire (ou interpréter) un de ces jours.. Récemment en feuilletant mes revues, je suis tombée sur un modèle « parfait » de robe en jersey avec découpes princesse ! Robe n°10 de la revue Elena couture (n° 78) (sans les poches et sans le col). Je ne vous ai pas mis les photos parce qu’on ne voit pas bien le détail des robes.. J’avais envisagé dans un premier temps utiliser mon patron de base. Mais là, il s’agissait d’altérations plus importantes à apporter. Ne sachant pas comment reporter les découpes princesses et au risque de déstructurer le patron de base, j’ai préféré utiliser le patron de la revue. Pour compliquer un peu plus la tâche, j’ai utilisé deux tissus différents, un jersey camouflage assez ferme et un jersey de viscose rouge très, mais très fluide. Oui c’était les prémisses de la vague rouge.. Et oui des signaux lumineux et autres alertes ont clignoté dans ma tête, mais je suis aussi têtue que cartésienne, quand je veux quelque chose, je vais jusqu’au bout (enfin la plupart du temps).
Comme on pouvait s’y attendre « raisonnablement », le montage de cette robe s’est avéré désastreux : le patron taillait beaucoup trop grand, l’emmanchure était trop longue et profonde, et la combinaison des tissus rendait l’opération encore plus hideuse. On voit bien sur les photos que le jersey rouge vient se coller sur les hanches.. La Prof a fait des retouches en se basant sur mon patron de base de la robe en maille et a « bricolé » mon patron devant mes yeux ébahis.. J’avais des tracés à main levée et des pointillés un peu partout sur les tissus et sur mes patrons. Montée d’angoisse, est-ce que tout ça va coller ? Réponse de la Prof, de nature à accélérer mes palpitations, question longueur faudra quand même raccourcir parce qu’il n’y a pas assez pour la découpe princesse (comme on peut le voir aussi sur les photos).. Le modèle initial était de toute façon trop long pour mon 1,60 m. Encore un mauvais détail pour cette revue, les tailles des mannequins ne sont pas données. Sur le photos, la poupette porte la robe à mi-cuisse et moi elle arrivait sous les genoux.. Bon profession mannequin ça ne s’improvise pas et ce n’est pas à la portée de tous!!
J’ai débâti la robe et retaillé tant bien que mal mes pièces de tissus suivant les nouveaux tracés. Pour avoir un bel arrondi et éviter les accidents de surjeteuse, j’ai cousu à la machine à coudre (en apnée) les découpes princesse du moins sur le devant. Le résultat global de la robe n’était toujours pas génial, essentiellement à cause des deux tissus qui ne s’aimaient vraiment pas. La Prof a posé à nouveau ses épingles magiques mais je n’étais toujours pas convaincue et le projet a sommeillé pendant un certain temps.
Lors d’une visite shopping à Freiburg (Allemagne), je suis tombée sur le magasin de tissus Stoffgalerie bien achalandé en jersey. J’ouvre une petite parenthèse ici, lors de mes précédentes virées dans cette ville, j’ai dénombré trois magasins de tissus: un rayon dans le Karstadt qui se trouve sur l’axe principal (le long du tram), la Stoffegalerie et une autre boutique, Garçonne, qui a des tissus magnifiques mais d’une gamme de prix beaucoup plus élevés. Les deux boutiques ont des sites mais on ne peut rien y acheter. Comme j’avais toujours en tête ce projet de robe, j’ai acheté, au petit bonheur la chance, un morceau de jersey rouge uni. Je n’avais aucun échantillon ni de couleur ni de texture. J’ai eu de la chance mes deux nouveaux tissus se sont avérés nettement plus compatibles. Avant de reprendre le projet, j’ai lavé le jersey rouge qui a pas mal déteint au lavage, ce qui m’a un peu rebuté..

Ce week-end, j’ai ressorti ma robe et entrepris de défaire toutes les coutures des découpes princesse. Une fois ce travail très laborieux effectué, j’ai ressorti mon patron retouché et là, catastrophe je n’ai retrouvé que la partie devant de la découpe princesse, bricolée par la Prof. L’entêtement a pris le pas sur le cartésianisme, j’ai récupéré dans la poubelle la partie dos de la découpe princesse et j’en ai redessiné le patron. En la posant bien à plat, sans l’étirer, et en me répétant les paroles de la Prof : c’est de la maille, ça tolère les « petits » écarts, on respire !! J’ai ensuite coupé mon jersey rouge, tout en étant obsédée par le risque de dégorgement sur le camouflage.

Et là j’ai eu un déclic, je me suis dit perdu pour perdu, autant aller jusqu’au bout, faire une « pièce d’étude » et advienne que pourra. Ah du coup ça déstresse considérablement !! J’en ai oublié tous mes réflexes cartésiens.. J’ai cousu toutes les découpes à la surjeteuse en un rien de temps et ce n’était même pas de traviole.. J’ai coupé les manches sur la base de mon patron de base dans ce qui me restait du camouflage et je les ai montées. J’ai ensuite installé la robe sur le dos de Falbala pour l’ourlet. J’avais là différentes longueurs entre la robe et les découpes elles-mêmes (c’est dire s’il y a eu de petits « écarts » de patronage).
J’ai quand même passé un certain temps assise par terre à tourner autour de ma Falbala dans tous les sens et à épingler. L’ourlet est un peu approximatif, comme la robe, mais ça a l’air à peu près régulier. L’encolure m’a donné du fil à retordre. Du fait que la couture d’épaule avait été remontée, l’encolure aussi du même coup. J’ai recoupé directement sur la robe (même pas peur ! Normal c’était pour une pièce d’étude..). Bon j’ai quand même plié l’encolure au milieu et coupé les deux côtés en même temps histoire d’avoir une symétrie dans l’approximation… J’ai lavé et relavé la robe avec des lingettes anti-dégorgement. Au deuxième lavage, il y avait moins de rouge sur les lingettes..
Des défauts persistent c’est sûr notamment au niveau de l’emmanchure (un peu trop de bricolage entre différents patrons) mais au moins je suis parvenue à un résultat acceptable. Maintenant il n’y a plus qu’a réécrire le patron « correctement » pour les éventuelles prochaines fois. Ben oui c’est bien les pièces d’études mais on ne reste pas moins cartésienne…
Allez bon week-end à toutes les couturières!!
Nathalie et Falbala
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