Je suis toujours à l’affut d’un modèle de robe en jersey qui sort un peu de l’ordinaire. Là pour le coup ce modèle m’a tapé dans l’œil. Issue de la revue Ottobre Women n° 6/2023 (modèle n°10), cette robe avait tout pour me plaire : longue, asymétrique, avec manche marteau et un petit col roulé. Rien de bien compliqué au niveau du montage à première vue. Un projet simple mais qui en jette !!
Pour ce projet j’avais envie d’uni (ben si !) et devinez quoi, de kaki pour changer !! Le métrage requis est assez conséquent puisque la partie jupe a des plis tout autour au niveau de l’assemblage du corsage. Pour la plus petite taille il faut 2,40 m. J’ai pris un jersey kaki de la mercerie du Fil amant. ,Sachant qu’Ottobre taille grand j’ai décalqué le 36 et 38, et le 36 s’est avéré plus que suffisant.
Je me suis dit que ce serait un projet rapide à conclure mais c’était sans compter sans le patronage un peu flou…
Un patronage prise de tête
Le décalquage des pièces n’est pas compliqué. Les planches patrons d’Ottobre ne sont pas les pires que je connaisse. La difficulté ici est l’asymétrie donc chaque pièce a son miroir. Pour la coupe, les pièces doivent être décalquées dans leur intégralité. J’ai coupé toutes les pièces sur l’endroit du tissu en prenant soin d’avoir les bons côtés ensemble (corsage et jupe). Pour la partie corsage, c’est assez simple à comprendre entre les photos et les dessins techniques.
Par contre là où ça se corse c’est pour la partie jupe. Le dessin technique montre qu’il y a 4 pièces à décalquer et à assembler ensemble. Puis sont dessinées les jupes devant et dos dans leur intégralité, en haut à droite. Mais entre les pièces à assembler telles qu’elles sont montrées et les deux panneaux de jupes finies, il y a comme qui dirait un fossé. J’ai tout tourné dans tous les sens sans comprendre. Mon erreur a été de me fier aux quatre pièces assemblées. Il y a bien des symboles à différents endroits mais aucune explication n’est donnée sur leur signification et raccord. J’ai même regardé sur le site d’Ottobre mais je n’ai rien trouvé.
Dépitée j’ai ramené le tout en cours. Il nous a fallu deux bonnes heures pour comprendre l’agencement des pièces de la jupe. Pour celles que l’expérience tenterait voici le décryptage du puzzle. J’ai nommé les différentes pièces pour résoudre l’énigme : 4, 4’, 4a et 4a’. Et non il ne faut pas prendre les quatre pièces telles que présentées pour chaque jupe. Elle se construit avec d’un côté : 4 + 4a + 4a’ et de l’autre côté, au niveau de la ligne de pointillé, en retournant les pièces avec 4’ + 4 + 4a.
Après avoir péniblement redécalqué des morceaux et tout bien scotché, j’ai eu un doute affreux sur la longueur et la stature. Elle est quand même de 1,64m à 1,72m pour Ottobre alors que je ne mesure qu’1,60m. Au niveau de la partie corsage tout tombe bien, pour cause de buste long… Mais la jupe était démesurément longue. Il a donc fallu recouper au milieu de chaque pièce de jupe pour la raccourcir et rescotcher le tout.
Une semaine plus tard, j’ai trouvé le même genre de modèle, Dill Dress, de Mood Sewcity avec un patronage beaucoup plus clair question jupe. Elle est plus simple, sans col roulé ni manche marteau. Elle paraît également extrêmement large avec un positionnement un peu trop bas de la jupe mais c’est un patron gratuit. C’est une version chaîne et trame (lin, viscose, double gaze).
Les ajustements requis
J’ai fait un premier bâti de la robe dont le résultat s’est avéré profondément affligeant… Les manches tiraient sur le devant de l’encolure, la pince milieu de la manche était également positionnée un peu trop en arrière mais là impossible de la déplacer puisque cette pince est coupée. Elle est donc restée là où elle était. J’ai pu en revanche relâcher au niveau de la carrure sur le montage des manches.
Pour le reste c’était un véritable bibendum. Vue de côté, avec tous les plis c’était juste horrible. Arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !! Marie a attrapé ses épingles et a retouché de manière draconienne sur les cotés du corsage et sur la partie jupe. Elle a enlevé environ 4 cm de chaque coté de la jupe (sur le dos et le devant). Devant ma mine dépitée à l’idée de devoir tout recouper et refaire les fronces, elle m’a dit non tu couds sur la retouche, tu ne refais pas les fronces.. ouf..
Sur la partie « marteau » des manches j’ai cousu à la machine pour ne pas me louper, avec le fil extensible Maraflex (point droit). J’ai également cousu de la même manière l’assemblage jupe et corsage après avoir surjeté le tour froncé pour stabiliser les fronces. Sur les côtés j’ai pas mal hésité entre surjeteuse et machine à coudre. A cause des épaisseurs j’avais peur que cela entraîne un décalage. J’ai finalement opté pour la surjeteuse, après avoir recoupé l’excédent de tissu. La première couture s’est faite sans difficulté, la seconde a un peu patiné mais sans trop de dégât.
Pour l’ourlet de la jupe, j’avais rajouté 2 cm. La partie en pointe s’est plutôt bien positionnée et l’ourlet s’est laissé coudre sans faire de chichis..
Le montage du col est hyper simple, faut juste pas se gourer et mettre la couture milieu dans le dos. Vu la masse de tissu, j’étais un peu perdue entre le devant et le dos. Le col se pose bien sur l’encolure et j’ai assemblé le tout à la surjeteuse.
Le shooting dans le shooting
Je dois admettre que j’étais très sceptique même avec les retouches mais je suis allée jusqu’au bout du projet. Finalement, je reconnais qu’elle n’est pas trop mal. Elle gagnerait en aisance au niveau carrure mais pour le reste elle est très confortable.
Fanfreluche a mitraillé sous le regard de Marie qui n’en a pas perdu une miette !! Merci à toutes les deux pour les photos.
Nouveau châle Saint Malo
Un dernier mot sur le châle, très récemment tombé de mes aiguilles. Il s’agit d’une nouvelle version du modèle Saint Malo (tuto chez Soie et laine). J’avais réalisé une première version pendant le premier confinement (ici) dans une laine dans les tons de kaki. C’est toujours un de mes chouchous et j’espère que cette version rouge le deviendra aussi.
Bon certes ce n’est pas la même qualité de laine. Le premier était en merino et alpaga. Celui-ci a été tricolté avec la laine Gomitolo Versione, coloris 424 (rouge avec dégradé). Elle se compose de 60% de laine et 40% de polyacrylique. Cela fait toute la différence, il est bien moins moelleux et doux que le premier. Je pense que j’ai fait à peu près les mêmes dimensions que le premier. Tricot sans prise de tête, le point est simple et très visuel, et cette fois je n’ai même pas compté les mailles… J’ai fait la même finition en picots.
Alors oui je sais que montrer des châles en juin est un peu casse-gueule!! Les châles sont désormais des réalisations presque hors saison, quoique !!! Je dois admettre que je les ai encore portés la semaine dernière… Ces derniers temps je tricote pas mal, surtout depuis que Fanfreluche n’est plus là pour égayer mes pauses déjeuner !! Le tricot me permet de décompresser entre midi et deux surtout quand il s’agit de projets aussi simples que ces deux châles.
Cet hiver j’avais de grandes envies de châles. Je suis partie à la chasse de certains modèles et points particuliers. J’adore le point de vague ou Feather and Fan (littéralement plume et éventail) ( (tuto). Je l’ai déjà utilisé pour deux écharpes (ici). Il s’agit d’un point traditionnel des îles Shetlands qui se prête très bien aux changements de couleurs, par séquence de motifs. Il est très simple à réaliser et donne un superbe rendu d’ondulations, avec une succession de rangs à l’endroit et à l’envers, puis un rang avec des augmentations et des diminutions, d’un nombre égal, pour donner cet effet ondulé à l’ouvrage.
Patron gratuit du châle Feather and fan
J’avais très envie d’utiliser ce point sur un châle mais avec en plus les augmentations inhérentes à la construction d’un châle, je ne savais pas trop comment faire. Jusqu’à ce que je tombe sur ce modèle parfait (ici) ! Il est très clair, seule la maille centrale n’est pas indiquée. J’ai tout de suite identifié cette maille et mis des marqueurs de part et d’autre. Je trouve cela très utile visuellement. Pour celles que la langue de Shakespeare rebute en tricot, il existe une traduction française sur la toile (ici). Il y a quelques petites erreurs que je pourrais vous signaler si vous en avez besoin..
Comme pour la plupart des châles triangulaires, la construction nécessite quatre augmentations tous les deux rangs, au moyen de jetés : un en début et un en fin de rang, un juste avant la maille centrale et un autre juste après la maille centrale. Le point de vague nécessite dix-huit mailles. Du fait que le châle ne démarre qu’avec trois mailles, ce n’est qu’à partir du rang 21 que l’on fait la succession d’augmentations et de diminutions pour former les vagues. Ce qui est génial avec ce modèle c’est qu’on peut le tricoter à l’infini et s’arrêter à la dimension que l’on souhaite donner à son châle. C’est parfait pour moi qui aime les grands châles dans lesquels on peut s’emmitoufler.
Il suffit pour cela de répéter la séquence des augmentations et diminutions du point de vague. Jusqu’au rang 57, cette séquence se fait une fois de part et d’autre de la maille centrale. A partir du rang 57 et jusqu’au rang 92, elle se fait trois fois, de part et d’autre de la maille centrale. Si on souhaite agrandir le châle, il faut alors répéter 5 fois cette séquence, puis 7 fois et ainsi de suite. Pour la finition de la bordure je n’ai pas rajouté de franges. Il n’y a pas vraiment d’explication sur quel rang rabattre les mailles. J’ai choisi de les rabattre sur le rang envers du point et cela fait un joli rendu.
Ce tricot a été très serein parce que pour la première fois je n’ai pas compté les mailles. Leur nombre n’est donné que dans le début de la construction du châle mais plus après. Je dois reconnaître que cela change la vie !! Le point est très visuel et donc on repère très vite les erreurs.
Je n’ai même pas bloqué ces châles. Les ondulations sont assez harmonieuses sans blocage. Et pour vous dire la vérité, j’en avais un besoin urgent ce qui fait que j’ai sauté la phase du blocage.
Laines utilisées
Pour le premier châle, j’ai utilisé Laine Creative Melange Aran Wonderball, de la marque Rico, coloris n° 12 bleu vert multicolore. Il s’agit d’énormes pelotes de 200 grammes (640 m. environ). Elle est composée de 51% de laine et de 49% d’acrylique. J’ai acheté deux pelotes. Pour ce projet j’ai utilisé une pelote entière et un peu de la 2e pelote. Il me reste de quoi faire des bonnets !!!
Pour le second châle j’ai utilisé Lana Grossa, gomitolo versione, couleur mélange de baies. Là encore il s’agit de grosses pelotes de 200 grammes (environ 700 m.), composées de 60 % de laine et de 40 % de polyacrylique. Une pelote entière y est passée ainsi que le début de la seconde pelote. C’est la même laine que j’ai utilisée pour le châle Genver (ici) mais dans des coloris différents. Je pense que j’ai utilisé des aiguilles n° 3 ou 4, je ne me souviens plus.
C’est toujours difficile de faire des photos de châles en raison de leur envergure. Je me suis rabattue sur notre jardin, en fin de journée, par temps de vent. C’était un peu la course contre la montre du fait de la baisse de luminosité. Je nous souhaite tout de même de ne pas avoir trop besoin de châle, et de profiter enfin de la chaleur et du soleil!!
Pour l’anniversaire de Christine je me suis lancée dans un châle. Il faut dire que depuis décembre j’ai pas mal tricoté, je suis à fond dans la laine!! En fait depuis que je me suis rendue compte que la chatte n’était absolument pas intéressée par la laine mais plus par mes stylos, j’ai ressorti allègrement mes aiguilles .. Christine étant aussi une tricoteuse assidue, je me suis dit qu’un châle pourrait lui plaire. Je ne l’ai jamais vue porter de châle mais ce genre de pièce est toujours utile en hiver..
La laine
Je tenais absolument à ce qu’il soit orange, une de ses couleurs favorites mais j’ai eu du mal à trouver mon bonheur. Je souhaitais un joli dégradé de orange. Je me suis finalement rabattue sur la laine Lana Grossa, gomitolo versione. J’ai acheté cette laine à la Grange à laine, malheureusement elle ne figure plus sur leur site, ni en magasin. C’est une laine peignée assez douce (60% de laine et 40% de polyacrylique), avec des dégradés de couleurs : orange, bleu, vert. Le test de douceur a été validé par la chatte qui s’est vautrée sur le châle en ronronnant..
La pelote fait 200 grammes pour environ 700 mètres. J’en ai pris deux, le reste pouvant être utilisé pour un bonnet. Cette laine nécessite des aiguilles 4,5 / 5. J’ai utilisé du 4, j’ai la fâcheuse manie de prendre toujours des aiguilles d’un diamètre inférieur à ce qui est préconisé sinon je ne me sens pas à l’aise.
Le patron
J’ai choisi le châle Genver dont le tuto est gracieusement offert par Hélène du site Soie et laine. Il est absolument magique dans la mesure où il est modulable dans ses dimensions. Et moi j’aime tricoter de grands châles!!
Sa construction triangulaire est assez simple. Les 12 premiers rangs en jersey constituent la base du triangle. A partir de 7 mailles et de deux augmentations tous les rangs pairs (au moyen de jetés) on arrive à 31 mailles. A partir de là, le châle est constitué d’un point ajouré, avec des augmentations (jetés) et de diminutions (surjets double). Un seul marqueur suffit pour identifier la maille centrale. Nous avons donc 3 parties sur les aiguilles pour chaque rang (début de rang, maille centrale, fin de rang).
Le point ajouré se fait sur 6 rangs, chaque rang pair étant simplissime (2 mailles endroit, tout à l’envers, 2 mailles endroit). Les rangs impairs sont construits sur la même séquence qu’il faut répéter suivant le nombre de mailles sur le rang : « 3 mailles endroit, 1 jeté, 1 surjet double, 1 jeté ». Pour chacun des 3 rangs impairs, il y a des indications sur comment commencer et finir chaque partie de rang, sous forme de tableau, c’est la seule chose qui change dans les rangs impairs. Sur chaque rang impair, on augmente de 4 le nombre de mailles par des jetés : un après les deux premières mailles endroit, un avant et un après la maille centrale, et un en fin de rang avant les deux dernières mailles endroit.
Le nombre de mailles est indiqué pour chaque rang impair. Il est invariablement impair, sachant que la maille centrale tombe toujours sur un chiffre pair. Par précaution, j’ai compté systématiquement les mailles sur les rangs pairs pour être sûre de ne pas avoir oublié de jeté ou de surjet. J’avoue que compter le nombre de mailles est une source de stress chez moi parce que j’ai tendance à me mélanger les pinceaux et surtout parce que ce n’est pas très facile sur des aiguilles circulaires, surtout quand il y a beaucoup de mailles.
J’ai également noté à quel chiffre correspondait la maille centrale. Quand on a très grand nombre de mailles sur les aiguilles, cela devient utile de savoir si on a commis une bourde sur la première partie du rang ou la dernière. Quand on tricote les rangs pairs, tous les jetés tombent également sur des chiffres impairs. Là encore utile pour déterminer rapidement la bourde potentielle.
Sinon, le point est très visuel et au bout d’un moment on voit très bien sur les rangs impairs si on est bon ou s’il y a une erreur, les surjets double sont alternés sur un même rang et d’un rang sur l’autre. Ils constituent un bon repère.
Ces six rangs peuvent se tricoter à l’infini, il y a juste le nombre de répétitions qui augmente. C’est toute la magie du point et de ce modèle. D’après mes notes, j’ai tricoté jusqu’au rang 173, ce qui nous fait un total de 379 mailles quand même!! Je suis arrivée au bout de la première pelote. Ensuite j’ai fait quelques centimètres au point de riz et j’ai fini par une bordure avec des picots. J’avais déjà testé cette technique sur le châle Saint-Malo (ici) et je trouve que c’est une jolie finition sur les châles. La seconde pelote a été faiblement entamée mais nul doute que Christine en trouvera un usage.
Je vous souhaite une très bonne journée et à bientôt pour des projets couture et tricot!
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