Castelbajac : une robe de poche(s)

Castelbajac : une robe de poche(s)

C’est en feuilletant les vieilles revues Burda que je suis tombée sur cette jolie petite robe, dessinée par Jean-Charles de Castelbajac. Ce n’est pas souvent qu’il y a des modèles de styliste dans les patrons de couture et je trouve l’initiative très chouette !! Marie avait déjà réalisé cette robe au moment de la parution de revue. Elle m’a confirmé qu’elle était très agréable à porter, qu’elle taillait vraiment grand et que oui, le montage des poches était une vraie galère. Moi qui ne suis pas très « poche », j’ai craqué pour ce modèle…

Un patron bien « chiadé »

Cette robe a tout pour me plaire : des manches raglan, de forme droite sans cintrage. Son originalité tient aux grandes poches avec revers, qui viennent s’imbriquer entre les pièces dos et devant, ainsi qu’un grand col surpiqué, un peu comme sur mon manteau (voir ici), les surpiqûres étant perpendiculaires au col cette fois.

# Burda style de décembre 2014, modèle 136, Robe Castelbajac

A y regarder de plus près, les poches sont vraiment techniques. Elles viennent en incrustation sur les côtés de la robe mais il s’agit en fait d’une poche dans une poche. Les rabats sont purement décoratifs. La poche dans laquelle on peut glisser sa main est au final toute petite, par rapport à l’« enveloppe » de la poche. Elle est au milieu de la grande poche, sur le côté de la robe. Le schéma technique en montre les ouvertures. Le patron est dans la revue Burda style de décembre 2014, modèle 136, ou sur le site de la revue. Burda a eu la bonne idée de garder le patron en téléchargement (ici).

Compte tenu des pièces imbriquées, c’est un modèle qu’il est difficile de retoucher. Après c’est un modèle assez large qui ne nécessite pas vraiment de retouche, à condition de pouvoir y rentrer ses lolos! Au vu de l’expérience de Marie, j’ai décalqué le patron en taille 34 et rajouté une dizaine de centimètres sur la longueur. Le modèle est vraiment très court. J’ai aussi rallongé les manches pour en faire un trois quart (ich !)

Les bourdes sur le tissu

Du lainage est préconisé pour ce modèle. Il faut pouvoir gérer les arrondis donc les tissus trop raides sont à éviter. Marie avait dans sa boutique du jersey de laine et coton, avec des motifs de chevrons (en bleu, orange et gris). Christine avait cousu un ensemble avec le chevron orange et m’avait refilé une chute assez conséquente. J’ai acheté le fond du rouleau. Il devait juste en avoir assez pour cette robe. Christine avait également décidé de coudre cette robe dans le chevron bleu. On était parti sur un duo assez fun..

Mais c’était sans compter sur ma grosse bourde : jersey de laine et de coton.. J’ai fait l’impasse sur le mot « laine » pour ne retenir que « jersey de coton ». Vous devinez la suite, ben oui je l’ai mis en machine, certes programme délicat… Quand j’ai sorti mes tissus, je me suis rendu compte qu’il y a avait une différence manifeste entre mon coupon et la chute de Christine, y compris de couleur. La sienne était douce et soyeuse, la mienne rêche et les chevrons avaient une drôle d’allure.

Bon tissu flingué, fallait passer à autre chose. J’ai farfouillé dans le stock et j’en ai extirpé un bon morceau de maille milano kaki, assez lourd dans lequel j’avais fait une jupe, elle aussi bien « chiadée » (ici). Ce tissu a été acheté il y a une éternité à la « caverne alsacienne ». Au bout du compte je ne regrette pas (trop), cela m’a permis de taper dans le stock, et question entretien c’est plus simple. Ça évite le recours au pressing!! Etant quand même un peu juste en tissu (vu les rajouts dans les manches et la longueur), j’ai utilisé une chute de jersey fleuri pour faire l’envers des rabats et les « fonds de poche ».

Les difficultés du montage : le col et les poches

Hormis ces deux éléments, le reste du montage va tout seul. J’ai utilisé pour la première fois du fil Maraflex, qui est un fil élastique adapté à la couture du jersey et du molleton. Il permet de faire des points droits, avec un point un peu plus allongé et une tension légèrement diminuée. Sur ce modèle c’était un vrai bonheur de ne pas utiliser de point légèrement zigzag, horrible à défaire de surcroît.

Bon pour les poches, je ne suis pas sûre de pouvoir refaire l’opération sans me gourer. Il est impératif de bien retracer les repères de montage sur les différentes pièces, sinon on ne s’en sort pas. J’ai fait quelques photos mais pas de tout le processus. Mais entre-temps, j’ai trouvé sur la toile un article qui décrit le montage des poches, photo par photo. C’est bien utile pour ce modèle et je me le garde précieusement pour une éventuelle prochaine version (voir ici). Chaque poche se construit autour de plusieurs pièces (les côtés dos et côté devant qui constituent la grande poche en kaki, un fond de pli en kaki, les fonds de poche fleuri et les rabat (kaki et fleuri) qu’on ne voit pas sur ces photos. La taille réelle de la poche est celle du fond de poche. C’est toute la magie ou l’ironie de ce modèle. On s’enquiquine à coudre un grand nombre de grandes pièces pour au final une toute petite poche!!

Sur l’endroit on ne voit aucune couture ni le fond de poche qui est caché par le fond de pli. Je n’ai surjeté aucune pièce, mes tissus ne s’effilochant pas. J’aurais pu néanmoins le faire pour que ce soit plus « propre ». La robe est prévue doublée, ce que j’avais loupé. Cela permet au moins de cacher tout cet assemblage. J’ai juste surjeté le bord des ourlets de la robe et des manches.

Une fois le puzzle des poches constitué on se dit qu’on est enfin sorti d’affaire. Ben non parce que la couture de la poche avec son rabat en incrustation sur la robe n’est vraiment pas une partie de plaisir!! Là j’ai béni mon milano dont l’élasticité m’a un peu facilité la tâche. J’ai dû m’y reprendre à feux fois sur une des poches, j’avais probablement tiré un peu trop sur le tissu et cela faisait un pli disgracieux sur le bas de la robe. Le montage des poches est quand même bluffant mais faut pas regarder de trop près, il y a des endroits où j’ai piqué un peu trop loin, au niveau du rabat, et j’ai eu peur ensuite de défaire et de risquer de perdre ma couture.

La couture des poches a nécessité pas mal d’heures de travail. Ensuite, à la vitesse de l’éclair j’ai monté les manches qui comprennent une pince d’épaule, sans même bâtir (même pas peur!!). Et puis j’ai essayé la robe quand même pour être sûre que tout irait bien… Ouf pas de mauvaise surprise!!

Le montage du col est nettement plus facile mais prend du temps. Il a été entoilé avec un thermocollant légèrement gonflant (vlieseline H640). Il faut d’abord fixer le col sur la robe et ensuite le surpiquer. J’ai marqué les lignes de surpiqûres avec un fil de bâti hydrosoluble et j’ai ensuite fait toutes les surpiqûres. A la fin, cela fait beaucoup de fils à sécuriser et à rentrer et ça prend pas mal de temps.

La longueur définitive de la robe a été faite à l’arrondisseur. Au final, j’ai recoupé pas mal sur mon ajout initial de 10 cm. J’ai ensuite fait un ourlet à 4 cm.

Sur le stand de Marie au salon Modes et tissus de Sainte-Marie-aux-mines, nous avons quand même réussi à nous faire prendre en photo toutes les trois avec nos robes Castelbajac, chacune avec un tissu et un coloris différents.. Oui je sais Fanfreluche, on aurait dû enlever nos badges!!

Cette robe est encore bien adaptée aux frimas de cette fin de mars. De prochaines versions sont prévues autant du côté de Christine que du mien. Et je crois savoir que Fanfreluche y songe aussi sérieusement!!

Très bonne soirée

Nathalie

Expérimentations du raglan en chaine et trame

Expérimentations du raglan en chaine et trame

Jusqu’à présent je n’ai testé le raglan qu’en maille. J’ai en stock deux patrons de robe raglan en chaine et trame mais j’ai voulu me lancer dans cette robe de la revue Fait Main (n°425 de juin 2017, modèle B). C’est un très joli modèle de raglan chaine et trame avec un léger drapé et nœud sur le côté. Le tissu préconisé est un Tencel, ou sorte de viscose à base d’eucalyptus. J’avais en stock de ma dernière virée chez les Hollandais un tissu tout à fait approprié, en jean très fin et fluide avec des grandes broderies placées. Ce modèle est quand même noté 4 (sur 5) dans le degré de difficulté (ce que mon cerveau a totalement occulté quand j’ai fait mon choix.. comme quoi on reste encore dans le stade de l’inconscience dans le choix des patrons!!). En fait le degré de difficulté est pour beaucoup lié à la teneur des explications. Certes ce n’est pas du Burdalais mais on en est pas loin… De simples schémas de montage permettraient de rendre le modèle beaucoup plus clair.

 

En cours, nous n’avons repris du patron d’origine que la partie nouée du haut de la robe (devant) ainsi que la ceinture. L’encolure a été creusée donc l’enforme a également été redessinée. La Prof m’a fait un réel tour de passe passe entre le patron d’origine et celui de la robe Maëlle… Pour éviter d’avoir trop de retouches autant prendre comme base un patron qui marche même s’il est en maille (bon d’accord mes modèles en maille ne sont jamais très serrés ou trop cintrés mais j’y travaille, sisi…). La robe était également prévu avec un zip dans le dos mais la Prof optimiste a estimé qu’on en n’aurait pas besoin.  Difficulté notable liée au tissu le placement des broderies ne permettaient pas de prendre le tissu dans le droit fil.. Oui là mon cartésianisme en a pris un sérieux coup, un patron maille pour du chaine et trame, un tissu dans le sens inverse, j’étais un peu perdue pour poser les pièces…. Alors quand il a fallu déterminer si on mettait la ceinture à droite ou à gauche je ne vous explique même pas ma panique totale…

Pour le placement du tissu, nous avons utilisé un patron entier et non par demi, et la longueur de la jupe a été déterminée par la hauteur assez importante des broderies. La seule difficulté de cette robe est cette fichue ceinture et surtout les finitions pour que tout reste propre aussi bien à l’endroit qu’à l’envers. On peut le voir sur le schéma du patron : l’espacement entre les pans de ceinture ne sont pas assez écartés (BD sur la jupe). Nous avons élargi cette partie (photo ci-dessous) sinon on perdait tout l’effet du drapé et la robe restait trop large. J’ai dû finir à la main pour fermer les pans de ceinture et la partie entre les deux pans. L’ourlet du bas de la robe est également fait à la main, une couture en plein milieu des broderies aurait été vraiment moche..

Après le premier essayage, la robe a été principalement re-cintrée sur la partie droite non nouée et une « pince » au niveau de la taille dos a été faite. Même avec ces retouche, la robe peut bien être enfilée sans fermeture à glissière. J’ai élargi d’un centimètre la couture manche et latérale jusqu’en dessous de la pince poitrine pour que ma carrure ne ronchonne pas!!

Et voilà la robe terminée. Elle est très agréable à porter, la fluidité du tissu est vraiment super. Par contre à repasser c’est un peu la galère, faut vraiment bien retendre le tissu qui a tendance à froncer avec les broderies (toujours à repasser sur l’envers).

et quelques détails de l’encolure

N’espérez même pas de jolies photos de la robe finie portée, Monsieur est ronchon et pas du tout en mode photographe… On fera mieux plus tard avec les cops’

Profitez bien de cette belle journée estivale!

Falbala