Semaine textile #2: D.M.C. ou l’art du fil

Semaine textile #2: D.M.C. ou l’art du fil

La visite de D.M.C. faisait partie de mon choix coup de cœur (en tant que brodeuse à mes heures perdues), mais malheureusement D.M.C. était complet. Je me suis inscrite sur liste d’attente auprès de l’office du tourisme de Mulhouse, sans grand espoir au vu de la forte demande, mais nous avons eu la chance de bénéficier de 2 désistements pour D.M.C., probablement en raison des craintes suscitées par le passage du tour de France.. Ce dont j’aurai l’occasion de reparler plus tard, grrrrrr..

L’équipe de D.M.C. nous a installé dans une petite salle pour nous faire un petit topo préalable de la visite, très pédagogique.

D.M.C. Mulhouse

D.M.C. représente les initiales de ses fondateurs, à savoir la famille Dollfus, dont l’un des directeurs avait épousé une Mieg et qui est devenu Dollfus-Mieg & Cie: D.M.C. Le logo est passé d’une cloche à un cheval et la symbolique du cheval a évolué (la pointe sous le cheval qu’on voit sur la photo a désormais disparu, le sens du cheval a été modifié). Son siège est à Mulhouse avec une grosse logistique installée à Illzach. Ses produits phare que les brodeuses connaissent bien, sont le mouliné, composé de 6 brins, et le coton perlé qui existe en plusieurs épaisseurs de fil, le mouliné représentant 60% du chiffre d’affaires.

Mouliné D.M.C.

L’usine D.M.C. de Mulhouse fabrique dans une certaine mesure son fil, le mercerise, le teinte et le transforme en produit fini. Elle ne fabrique plus de toile mais achète des produits manufacturés dans la région. Elle ne teinte pas non plus les toiles ni la laine qu’elle revend.

Fabrication du fil

D.M.C. n’utilise que du coton essentiellement d’Égypte qui est filé au Pakistan. D.M.C. effectue une opération dite de retordage pour le mouliné : chaque brin de mouliné est composé de deux filé de fibres, issus de la transformation des fleurs de cotonniers en fils, et qui sont retordus ensemble. Cela devient du retors. En fonction de l’utilisation, à savoir couture ou broderie, les fils sont retordus dans un sens ou dans l’autre pour tenir compte de la manière dont le fil et l’aiguille pivotent. Les bobines de fils sont ensuite transformés en grands écheveaux aux fins de traitement et transformation.

D.M.C.

Le nombre de machines pour transformer ces fils en écheveaux est assez époustouflant:

Pour faciliter le travail de transformation, chaque type de fil fabriqué est identifié par une ligature autour des écheveaux constitués, avec un code couleur bien spécifique. Ces ligatures ne sont pas en coton, elles supportent donc tous les traitements que le fil va subir par la suite, sans s’altérer ou changer de couleur.

et en application

Echeveaux D.M.C. ligatures

Mercerisage

Le coton n’étant pas très hydrophile, des opérations préalables dites de mercerisage sont nécessaires avant sa teinture pour  permettre aux colorants véhiculés par l’eau de bien s’accrocher aux fils. A cette fin, les fils de cotons sont trempés dans de la soude caustique et étirés pour que la soude pénètre bien au cœur des fibres, au moyen de ces machines ci-dessous. Cette opération chimique permet d’avoir un fil très brillant, très résistant au lavage et à la lumière et des couleurs riches et intenses. Et oui le coton et la beauté ont un prix…

Teinture

Les colorants utilisés ne sont pas fabriqués par D.M.C.. Ses fournisseurs de colorants sont européens même si D.M.C. reconnaît que la plupart des colorants sont produits en Asie. Chaque couleur est en principe composée de 3 couleurs différentes: rouge, bleu et jaune. Pour certaines couleurs particulières comme le turquoise, les violets, un seul colorant est utilisé. D.M.C. dispose d’un laboratoire chimique dont le rôle est notamment de contrôler la qualité des colorants. Il développe également de nouvelles formules ou corrige certaines formules qui n’ont pas fonctionné de manière adéquate. Il compare et analyse également les colorants utilisés par la concurrence (Coats) pour améliorer la qualité des fils D.M.C..

Les teintures sont effectuées dans des armoires de différentes tailles. Ces armoires permettent à la fois de blanchir, teinter et savonner pour enlever l’excès de colorant. Une seule couleur est utilisée par machine puis dans des teintes dégradées de la même nuance pour rentabiliser le processus et éviter de rincer les machines. Pour les fils changeants, une armoire spéciale contient plusieurs bains de couleurs. Au vu de la quantité d’eau requise pour ces opérations de teinture, D.M.C. utilise sa propre eau.

Dans certains cas des savonnages plus importants sont rendus nécessaires. Ils sont effectués dans des machines distinctes.

Savonnage D.M.C. Mulhouse

Savonnage

Une fois les fils teints, les gros paquets de fils sont à nouveau embobinés pour faciliter leur transformation en produits finis pour la vente, en pelotes ou échevettes .

D.M.C. Mulhouse

C’est le stade du finissage. Les photos ne sont malheureusement pas autorisées au finissage parce que la plupart des machines qui interviennent à ce stade ont été fabriquées par D.M.C. et font toute la spécificité du rendu final de ses fils. Les produits finis sont ensuite rangés dans des petites boîtes avec le logo de la marque pour accomplir des merveilles.

Fils D.M.C.

Encore quelques fils spéciaux.

Je vous souhaite une très bonne soirée, en attendant les prochaines visites.

Nathalie et Monsieur

Talents La broderie d’art nous fait rêver

Talents La broderie d’art nous fait rêver

Ce n’est pas si souvent qu’il y a des expositions / ateliers sur la broderie par chez nous. L’association Brode-Art, créée en 2013 et qui est installée en Alsace, à Illkirch (sisi Fanfreluche), œuvre pour la promotion de la broderie sous toutes ses formes. Pour renforcer son action, elle a mis en place Talents, salon / exposition entièrement consacré à la broderie. La première a eu lieu en 2015 en Alsace et cette année, c’était la 3e édition. Une occasion à ne pas rater d’autant que je voulais rencontrer un des exposants (parrain de l’exposition de surcroît) qui sera présent à Nantes, à l’occasion du salon Pour l’amour du fil.

J’ouvre ici une parenthèse pour vous parler un peu de Nantes. Les Serial piqueuses ont décidé avec la Prof d’y faire une escapade pour découvrir ce salon, Pour l’amour du fil. Tout un programme au vu des dimensions gigantesque et de la grande diversité des exposants et activités proposées. Nous nous sommes chacune inscrites à des cours d’art textile et de broderie.  Nous aurons probablement l’occasion d’en reparler et je ne peux que vous inviter dans le court intervalle à consulter leur site, si jamais cela vous intéresse.

Pour en revenir à cette exposition sur la broderie d’art, elle s’est tenue sur trois jours, malheureusement dans un local trop modeste, en termes de dimensions. Il y avait toutefois une grande diversité de techniques de broderies et d’art textile. Je dois avouer que j’ai davantage eu des coups de cœur pour la partie « art textile », alliant la couture ou la fabrication d’objets à la broderie.

Cécile Meraglia (Belgique) (« aventure textile »).

Elle a recours à la technique du feutrage et mélange les matières (fils, papier mâché) et les techniques (couture, broderie, patchwork etc), pour créer des objets. Les pièces exposées étaient dans des tons de blanc, très épurées. Elle recourt également à davantage de couleurs comme on peut le voir notamment sur son site et ailleurs.

Pascal Jaouen, brodeur et styliste, parrain de Talents éditions 2019.

Il a créé une école de broderie d’art à Quimper où il revisite les techniques de broderie bretonne anciennes, dont la broderie Glazig. Cette broderie était utilisée sur les vêtements traditionnels bretons, au cordonnet de soie, avec des motifs géométriques puis floraux. C’est avec grand plaisir que j’ai pu discuter avec lui et au passage j’en ai profité pour acheter deux livres avec des motifs à broder, dont un que la tatie Onemaï m’a immédiatement piqué !! Il a écrit de très nombreux ouvrages dont certains me tentent bien (dont le Brodeur bleu…). J’ai hâte de participer à son atelier à Nantes.

Il proposait de nombreux kits de broderie et exposait bien sûr certaines de ces réalisations. J’adore la vivacité des couleurs et le mélange de points de broderie. Je ne suis pas vraiment fan des broderies encadrées, pour moi la broderie doit rester vivante et se mêler aux objets du quotidien, notamment les vêtements. Je vois très bien ce genre de broderies sur un pantalon, une veste ou même un sac.

Il réalise également des vêtements qui malheureusement n’étaient pas exposés. Les articles sur ses expositions ne manquent pas sur la Toile et ses créations sont absolument magnifiques. Pour un petit aperçu, il y a un article très complet sur le site de Mimiblue, et encore ou ici. J’en bave encore.. Qu’est-ce que c’est beau!!

Marie Pourchot – Art textile

Un grand coup de cœur pour cette artiste, peintre de formation, et ça se voit, avec ces explosions de couleurs! Ses créations se ressentent également de sa formation en anthropologie. Elle a exposé notamment ce magnifique kimono qui fait partie de son projet Kimonoshima et que l’on peut voir porté par des danseurs sur le site de l’artiste. Elle a également suivi les enseignements en broderie de Pascal Jaouen.

Détail de la manche avec ce mélange très harmonieux et délicat de points de broderie, de perles, dentelles et paillettes…

Maison de couture Nicolas Jover et Yannick Delplace – Plumes et broderies

Sur leur stand déserté (dommage..), figuraient de magnifiques robes. Nicolas Jover se présente comme le brodeur et Yannick Delplace comme le plumassier. Leurs créations très originales sont vendues sur leur site soiéphémère. Il n’est pas très convivial mais ça vaut la peine d’insister pour naviguer dans les différentes rubriques. Pour la petite histoire, leur société est installée à Montpellier à proximité de là où j’habitais pendant mes études. Le monde est petit..

Parmi leurs créations figurent également des chaussures, bijoux et cols Claudine, agrémentés de plumes. Il s’agit à chaque fois de pièces uniques. Prix probablement uniques, non affichés sur leur site!

A noter enfin Caroline Gamb, brodeuse et créatrice  textile, qui fait partie de l’association Brode-art et y anime des cours de broderie.

Voilà pour un (tout) petit aperçu de ce qui m’a le plus plu. Cette exposition est en fait plus une occasion de rencontrer des créateurs, brodeurs et autres, et de découvrir leur travail, via leur site ou ouvrages le cas échéant. Le site de Talents présente par ailleurs dans le détail chaque exposant pour celles et ceux que ça intéresse. ..

En attendant de nouvelles aventures après notre virée à Nantes, je vous souhaite un très joyeux week-end de Pâques.

Nathalie

Customisation brodée sur la robe jumelle

Customisation brodée sur la robe jumelle

Il y a quelques jours Fanfreluche et moi avons craqué pour la même robe blanche brodée, achetée chez Other stories. Ses jolies broderies et sa légèreté en font une robe tout à fait adaptée aux chaleurs et elle ne serre nulle part… Mmm.. ça pourrait faire un joli « uniforme » pour le boulot!!

Nous avons tout de même décidé de les différencier un peu et nul doute que Fanfreluche s’y attaquera après son retour du Nouveau Monde… Il y avait d’abord un défaut sur les deux robes: l’agrafe dans le dos ne tenait pas et s’ouvrait tout le temps. Fanfreluche a suggéré un petit bouton avec une bride mais moi j’étais partie sur un ruban avec nœud.

Bon pas toujours facile à faire dans le dos et puis à la mercerie du bain aux plantes, je suis tombée sut ce petit bouton rond vert clair transparent.. Bien sûr l’idée était de rester sur le vert, déjà présent dans la broderie.

J’avais envie de continuer à jouer la carte de la broderie pour customiser cette robe. J’ai acheté du mouliné vert menthe (coloris 503) pratiquement identique à celui déjà utilisé dans les broderies.. J’ai commencé par couvrir la couture orange des ourlet du bas de la robe et des manches par un petit point de chainette. J’avais envisagé de faire un point plus large mais le tissu étant très fin j’ai craint de faire des trous dans le tissu. Le point de chainette est sur la triple épaisseur des ourlets.

 

Pour l’encolure, la robe étant doublée (oui je sais elle reste quand même un peu transparente!) j’avais un peu plus de marge pour le point de broderie.. J’ai farfouillé dans mes bouquins de broderie et après quelques essais j’ai finalement choisi le point d’épi, variante du point de chainette avec des points lancés. C’est un point de bordure qui suit aussi les courbes et vraiment facile de réalisation.

J’ai également fait le même point pour souligner la couture du haut de la jupe

Voilà on est prêtes pour l’été et ça tombe bien, aujourd’hui il fait beau (chez nous!)

Bon dimanche

Falbala

 

 

Le coussin porte-alliances – Projet mariage #1

Le coussin porte-alliances – Projet mariage #1

Je vous présente aujourd’hui un projet très particulier qui s’inscrit dans le grand chapitre « Mariage » dont je vous ai déjà parlé dans l’article sur le tag « La couture et moi » (question n° 9).

Si vous suivez un peu ce qui se passe sur ce site, vous aurez donc appris que mon « grand bébé » va se marier cet été, avec sa jolie chérie. Lorsqu’il nous l’a annoncé, deux projets couture se sont rapidement dessinés (une robe pour moi et une robe pour la princesse Augustine), mais il y avait aussi ce projet supplémentaire qui germait depuis un moment. Le mariage aura lieu loin de l’Alsace et je me trouve donc mal placée pour participer à l’organisation, la décoration ou autre élément de préparation de ce bel événement. J’ai pensé malgré tout que je pourrais peut-être faire une contribution créative.

Lors du mariage de sa sœur, j’ai pu apporter un peu plus d’aide pratique, mais surtout, pour faire une surprise aux futurs mariés, je m’étais occupée de concevoir une façon originale et personnalisée de présenter les alliances lors de la cérémonie religieuse. Cette fois-ci, j’ai pensé à une façon plus traditionnelle de présenter les alliances. Comme les mariés avaient d’office envisagé que ce serait Augustine qui serait chargée de les porter jusqu’à l’autel, il fallait en plus que ce soit fonctionnel.

Sur cette base, j’ai décidé de confectionner un petit coussin porte-alliances dont j’ai choisi et dessiné les motifs pour leur symbolique : le cœur vendéen pour la fiancée, le couple de petits alsaciens pour le fiancé et les feuilles de vigne, symbole de prospérité qui allient les deux. Je vous montre le dessin original.

Je ne suis pas une brodeuse émérite, loin s’en faut ! Heureusement que ma Falbala est au top de ce côté-là. Je vous invite à faire une visite dans la section broderie de notre site, où vous verrez les merveilles qu’elle réalise. Donc, Falbala m’a conseillée, guidée et encouragée. J’ai appris beaucoup en réalisant ce petit projet dans lequel j’ai mis beaucoup de cœur et d’amour maternel (trémolos !!). Le coussin porte-alliance n’est pas parfait, mais il sera pour longtemps, je l’espère, un souvenir de cette journée pour nos deux amoureux.

J’ai utilisé, pour la réalisation, un coupon de métis (coton et lin) grège, trouvé lors des puces des couturières à Obernai. Le fil à broder a été fourni par Falbala qui adore broder des motifs alsaciens et sait que le coton perlé rouge changeant donne beaucoup de relief aux motifs. J’ai complété le tout par une petite dentelle dénichée à la Mercerie du Bain aux Plantes. Le coussin en tant que tel est cousu dans un morceau de doublure rouge toute simple.

Et voilà, ce projet-là est terminé. Reste à attaquer les deux robes. Je sens que je vais regretter la broderie !

Je vous mets quelques photos. Vous verrez que j’ai cousu deux morceaux de ruban de satin rouge qui serviront à fixer les alliances sur le coussin porte-alliances. Il vaut mieux jouer la sécurité, car Augustine n’est pas connue pour sa délicatesse !

Bon week-end à tout le monde en attendant un prochain article sur une récente escapade nordique (attention teaser !)

Fanfreluche